Bénin : les religieux et l'armée inspirent plus confiance
17 février 2021Les Béninois ont plus confiance envers les leaders religieux et traditionnels ou même envers les forces de défense qu'en leurs représentants politiques. C'est la conclusion majeure issue d'une récente enquête de l'Afrobarometer qui réalise des études sur les questions de bonne gouvernance dans au moins 34 pays africains. Concernant le Bénin, l'étude expose la popularité d'une douzaine d'institutions auprès des personnes interrogées.
Les leaders religieux et chefs traditionnels viennent ainsi en tête avec 74% d'avis favorables. Ils sont suivis des forces de défense du Bénin. 67% des personnes interrogées expriment ainsi leur confiance envers l'armée.
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Des "critères scientifiques"
L'enquête a été réalisée au mois de novembre 2020. A priori, sans lien avec la période électorale en cours.
Combien de personnes ont été interrogées et sur la base de quels critères ont-elles été choisies ? "La taille de la population interrogée est définie à partir des travaux du dernier recensement de la population que le Bénin a connu en 2013. Ce recensement a permis de disposer de 1.200 personnes à interroger" répond Calixte Houedey, expert à l'Institut de recherches en économie et bonne gouvernance, partenaire local de l'Afrobarometer.
Cet échantillon de la population est âgé d'au moins 18 ans. Il a été prélevé sur les douze départements du pays autant en milieu urbain que rural, assure Calixte Houedey qui pense que la forte confiance envers les acteurs religieux, en comparaison avec le mauvais classement des acteurs politiques, confirme "un ancrage sociologique de ces institutions d'obédience religieuse, morale et coutumière. Les institutions républicaines elles, doivent faire pour la plupart objet de renouvellement de leur personnel".
La confiance envers l'armée est en croissance
Oswald Padonou observe cette tendance dans les publications d'Afrobarometer depuis 2005. Le politologue et président de l'Association béninoise d'études stratégiques et de sécurité (ABESS) attribue cela aux réformes entreprises dans ce secteur au Bénin.
"C'est tout à fait justifié, quand on regarde l'ampleur des réformes qui sont intervenues dans le domaine de la sécurité, la fusion de la police et la gendarmerie et ce que cela a apporté en termes d'amélioration qualitative et quantitative de la sécurité", affirme Oswald Padonou.
Il y a, assure-t-il, "une police davantage de proximité, au service de la population...le territoire est davantage mieux couvert et les forces armées sont de mieux en mieux concentrées sur leur mission fondamentale", renchérit l'expert.
Calixte Houedey, expert à l'Institut de recherches en économie et bonne gouvernance admet lui aussi que "par rapport à la police républicaine, de Cotonou à Malanville, il n'y a plus de tracasseries comme cela se passait avant. Et les patrouilles sont devenues fréquentes. Cela a valu à priori, à travers les opinions rapportées, ce degré de confiance dans les forces de défense".
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L'Assemblée nationale et la CENA, mal en point
Pour se faire une idée de l'écart entre ces acteurs et la classe politique, il faut noter que le président de la République arrive au sixième rang avec 56% (voir diagramme plus haut).
Mais, la Commission électorale et l'Assemblée nationale inspirent bien moins confiance. L'organe électoral arrive à la huitième place avec 48% tandis que la représentation du peuple est neuvième sur 12 places avec 42%.
"Paradoxalement, la Commission électorale et l'Assemblée nationale sont des lieux de haute politique. L'Assemblée nationale a toujours été le lieu de la contradiction et de la controverse. Et on sait au Bénin particulièrement,les conditions dans lesquelles la huitième législature a été installée. De ce point de vue, il est normal qu'une partie au moins de la population n'ait pas confiance envers cette législature", explique aussi Oswald Padonou qui souligne néanmoins qu'à la Commission électorale, il y a un effort de professionnalisation de cette institution.