Bénin : une rentrée parlementaire dans la peur
15 mai 2019Pour prévenir d’éventuelles tensions, certaines écoles privées ont décidé de fermer leurs portes mercredi et jeudi.
Selon plusieurs responsables d’établissements privés de Cotonou, la capitale économique, cette décision a été prise pour parer à d’éventuels troubles, comme ce fut le cas début mai.
Si certains parents ont préféré laisser leurs enfants à la maison, ce n’est pourtant pas le cas d’Orden Alladatin, élu député dans la 16ème circonscription de Cotonou pour le compte de l'Union Progressiste, une des deux formations politiques de la mouvance qui a participé aux élections législatives du 28 avril dernier.
"Mes enfants sont à l'école. Ce qui s’est passé le 1er mai, quand des personnes ont cassé et brûlé, c'est clair que ça ne se reproduira plus ici. Le Bénin, qui est un pays sérieux, doit prendre des mesures contre ce vandalisme, afin qu'on n'assiste plus à cela", argumente-t-il.
La psychose
Il existe au Bénin un climat de peur face à de possibles violences, à quelques heures de l’installationde la nouvelle Assemblée nationale.
Une forte présence militaire et policière a été constatée à Cotonou. Des témoins font état également de la présence des chars anti-émeute, des fourgons et pickups de la police dans le périmètre du palais des gouverneurs, siège de la représentation nationale à Porto-Novo, la ville qui va abriter jeudi (16.05.2019) la cérémonie d’installation des nouveaux députés.
Par ailleurs, selon nos confrères de la Nouvelle Tribune, des CRS (Compagnies Républicaines de Sécurité) et des paras-commandos ont aussi été aperçus à l’entrée du pont de la ville de Porto-Novo, mardi dernier.
"La population de Porto-Novo vit dans la psychose. Moi-même, je suis dans la peur totale. Ça prouve qu’eux-mêmes sont conscients de la fausseté dont ils ont fait preuve", témoigne Richard Laka Koffi, acteur de la société civile.
C’est le même climat de peur qui prévaut dans le nord du pays, considéré comme le fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi.
"Tout le monde a peur. On se dit: qu'est-ce qui va arriver? Les gens se disent : nous on n’a pas eu notre député. Et comme le président et son gouvernement veulent s'entêter, ils n'ont qu'à continuer et on va voir ce que ça va donner", explique Hounsa Cosmo, directeur de publication du journal La Boussole de Parakou, la plus grande ville du nord du Bénin.
Plusieurs sources ont par ailleurs indiqué à la DW que "des patrouilles des forces de sécurité lourdement armées sont visibles depuis mardi soir à Cotonou".