Un 15ème sommet des Brics avec Xi Jinping, mais sans Poutine
21 août 2023L'élargissement du groupe des cinq est l'un des thèmes principaux de ce 15e sommet. Et la liste des prétendants est longue : 23 pays - dont l'Arabie saoudite, l'Indonésie, l'Iran, l'Argentine ou encore l'Ethiopie - souhaitent rejoindre le club. Leur possible adhésion pourrait avoir une influence décisive sur l'ordre mondial global, au profit de Pékin, explique Felix Lee, spécialiste de la Chine :
"Ce que veut la Chine avec ce sommet, c'est, à moyen ou long terme, dominer l'Occident et en particulier les Etats-Unis. (...) Même si les Brics ne parviennent pas à afficher une unité semblable à celles des membres du G7, la Chine essaye de construire des relations entre les membres et de les renforcer. Peu importe qu'ils ne partagent pas les mêmes valeurs. Ce qui compte, c'est plutôt de les rassembler autour d'un dénominateur, d'un ennemi commun, en l'occurrence les USA - plus que le G7. La Chine profite ainsi de l'anti-américanisme des Brics pour attirer de nombreux pays du Sud dans son giron."
Un élargissement à double tranchant
De son côté, la Russie plaide pour l'adhésion de pays amis comme la Biélorussie ou le Venezuela, ce qui lui permettrait de sortir de son isolement international dû à l'invasion de l'Ukraine, en février 2022. Mais l'élargissement du groupe ne fait pas l'unanimité, selon Günther Maihold, politologue à l'Université libre de Berlin :
"Le problème réside justement dans le fait que chacun essaye de faire rentrer ses amis. L'hétérogénéité au sein des Brics sera alors encore plus grande et les processus de coordination régionaux constitueront une difficulté supplémentaire. Il suffit de voir les problèmes de coopération qui existent déjà au niveau régional pour se faire une idée de la charge explosive que représente un élargissement."
En avril déjà, l'Afrique du Sud avait émis des réserves, estimant qu'il faudrait d'abord discuter des critères d'admission avant d'aller plus loin.
Position vis-à-vis de Moscou
Autre dossier épineux au menu de ce sommet : l'attitude à adopter vis-à-vis de la Russie. Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, ne sera présent que virtuellement, mais cela ne change rien à son influence, selon l'expert Günther Maihold.
Il y a aussi le fait que la guerre en Ukraine et ses conséquences pour les pays du Sud - notamment en ce qui concerne les livraisons de denrées alimentaires et d'engrais - seront au centre des débats.
Les Brics, qui ne participent pas aux sanctions internationales contre Moscou, auront à cœur d'atténuer les effets du conflit chez eux sans pour autant devoir prendre parti. C'est là l'autre gros exercice d'équilibriste de ce 15e sommet.