Au Tchad, le dialogue national divise
17 août 2022Tout est fin prêt selon les organisateurs de ce dialogue. Durant trois semaines, les participants vont plancher sur cinq thématiques à savoir : "paix-cohésion sociale et réconciliation nationale", la "forme de l'État", les "réformes du processus électoral", les "questions sociétales" et les "droits et libertés fondamentales".
Pour Saleh Kebzabo, le vice-président du comité d'organisation de ce dialogue, ces assises ne vont pas logiquement durer plus d’un mois comme le pré-dialogue de Doha avec les politico-militaires ou encore la conférence nationale souveraine de 1993.
"On a prévu 3 semaines mais peut être qu'on ira à 4 semaines. On ne va pas rester dans la polémique stérile. On va avec des propositions concrètes donc pour moi on peut en moins d'un mois finir. Et moi je crois qu'il faut aller au dialogue, il faut qu'il y ait un choc d'idée. Il faut que chacun vienne défendre bec et ongle ce qu'il pense être sa vérité pour le Tchad. En conclusion, tout ce que nous faisons, c'est pour le Tchad", a rassuré Saleh Kebzabo.
L’opposition proteste
De leurs côtés, certains partis politiques et organisations de la société civile jugent ces assises non-inclusives et n’entendent pas y prendre part.
Ils appellent d’ailleurs à des manifestations les 19 et 20 août prochain contre la tenue de ce dialogue et exigent la mise sur pied d’un comité paritaire pour l’organisation de ces assises.
"Nos exigences sont inscrites à l'angle de la clairvoyance et du bon sens. C'est sauf un régime illégitime et illégal qui ne veut pas de la vérité et de la transparence qui sont des critères phares et cardinaux de gouvernance. Nous ne croyons pas à l'issue de ce dialogue et nous allons être dans la rue. Ils vont nous tuer comme ils nous ont tués le27 avril pour que les gens ouvrent les yeux et regardent que ce qui se passe au Tchad est inadmissible", a déclaré l’avocat Max Loalngar, porte-parole de la coalition opposition-société civile, Wakit-Tama.
La paix recherchée compromise
Ces mécontentements risquent de compromettre la paix recherchée à travers ce dialogue, s'inquiète le chercheur Remadji Hoinathy.
"Je pense que les contre-voix sont nécessaires pour obtenir de bons résultats. Il serait nécessaire de prendre le temps d'écouter les uns et les autres. Et ce, pour voir si ces réclamations sont des réclamations qui peuvent permettre d'améliorer la copie que nous avons en main. Après tant d'années, on a besoin de quiétude et le dialogue devait justement permettre d'aller vers une réconciliation. Et la réconciliation ne saurait laisser certains de côté", a-t-il préconisé.
Les opposants à la transition entendent également créer un gouvernement de salut et lancer une campagne de désobéissance civile jusqu'à satisfaction de leurs revendications.