Burkina : mutinerie et situation confuse à Ouagadougou
23 janvier 2022Article mis à jour à 17:50 TU
Des soldats se sont mutinés tôt ce dimanche matin dans plusieurs casernes à Ouagadougou mais aussi dans le nord du pays.
Selon plusieurs sources, les soldats réclameraient le départ des chefs de l’armée et davantage de moyens. "Nous voulons des moyens adaptés à la lutte" anti-djihadiste "et des effectifs conséquents", ainsi que le "remplacement" des plus hauts gradés de l'armée nationale, indique dans un enregistrement sonore parvenu à l'Agence France Presse un militaire de la caserne Sangoulé Lamizana, sous couvert de l'anonymat.
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A aucun moment ce militaire n'a réclamé le départ du président burkinabè Roch Christian Kaboré, accusé par une partie de la population d’impuissance face à l’insécurité qui règne dans le pays.
Ces revendications ont été confirmées par d'autres sources militaires et des discussions étaient en cours dimanche après-midi entre des représentants des mutins et le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, selon une source gouvernementale.
Sur les antennes de la RTB, le général Barthélémy Simporé avait affirmé dans la matinée qu'aucune institution de la République "n'a été inquiétée. Le gouvernement fait confiance à l’armée qui demeure républicaine. Nous demandons à la population de rester sereine et de vaquer à ses occupations. Pour le moment tout est sous contrôle."
Caserne stratégique
Très tôt dimanche matin, des tirs avaient été entendus à Gounghin provenant du camp Sangoulé Lamizana à Ouagadougou. Celui-ci abrite la Maison d'arrêt et de correction des armées (Maca) où est détenu le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014.
Des habitants de ce quartier ont aussi déclaré que des militaires sont sortis de leur caserne, tirant des coups de feu en l'air, et ont bouclé le périmètre aux alentours de la caserne. Le périmètre autour de la caserne de la base aérienne était également bouclé par des soldats encagoulés tirant en l'air.
Des tirs ont également été entendus dans un autre camp militaire de Ouagadougou, celui de Baba Sy, à la sortie sud de la ville, et à la base aérienne proche de l'aéroport, selon des sources militaires.
Des coups de feu se sont aussi produits dans des casernes de Kaya et Ouahigouya, dans le nord du pays, selon des habitants.
Journée mouvementée
Après un retour au calme autour des casernes, la situation à Ouagadougou est toutefois restée explosive dans la journée.
Des manifestants partisans des militaires qui se sont mutinés ont incendié le siège du parti au pouvoir à Ouagadougou. Ils ont ensuite été dispersés par les forces de l’ordre.
Une centaine de personnes qui tentaient de se rassembler place de la Nation, en plein centre de Ouagadougou, pour exprimer leur soutien au mouvement des soldats, ont également été dispersés par les policiers.
Samedi, des incidents similaires avaient éclaté à Ouagadougou et dans d'autres villes du pays entre les forces de l'ordre et des protestataires.
Violences armées
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays.
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Samedi (21.01), au moins deux soldats ont été tués et plusieurs blessés dans l'explosion d'un engin artisanal, sur l'axe entre Ouahigouya et Titao (nord), au passage de leur véhicule qui escortait des commerçants, selon des sources sécuritaires et locales.
Le 23 décembre, une embuscade de groupes armés visant un convoi de ravitaillement composé de civils et de Volontaires de défense pour la patrie (VDP, supplétifs de l'armée) dans la zone de You (nord), avait fait 41 morts, dont le célèbre Ladji Yoro, considéré comme un leader des VDP.
Les violences des groupes jihadistes ont fait depuis six ans plus de 2.000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer.
Plusieurs militaires sont détenus depuis mi-janvier pour des faits présumés de "tentative de déstabilisation des institutions". Parmi eux, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ex-chef de corps du 12e régiment d'infanterie commando, qui était jusqu'à présent commandant du groupement des forces du secteur ouest, engagées dans la lutte antiterroriste.