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Ce qu'il reste du printemps arabe en Afrique, dix ans après

Georges Ibrahim Tounkara | Silja Fröhlich
17 décembre 2020

Il y a dix ans, jour pour jour, le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie. Son suicide est le point de départ d'une vague de protestation dans de nombreux pays.

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A Tunis, en 2011: la révolution en marche
A Tunis, en 2011: la révolution en marcheImage : picture-alliance/dpa/O. Corsan

En s'immolant par le feu, Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant désespéré du centre de la Tunisie, a déclenché une série de manifestations qui finiront par chasser du pouvoir le président Zine el Abidine Ben Ali.

Des manifestants brandissent un portrait de Mohamed Bouazizi, en 2011
Des manifestants brandissent un portrait de Mohamed Bouazizi, en 2011Image : picture-alliance/AP Photo/Salah Habibi

La contestation s'est ensuite étendue  à d'autres pays de la région, notamment en Libye et en Egypte. Ce mouvement de révolte dans le monde arabe a aussi influencé le reste de l'Afrique, les pays subsahariens ayant d'ailleurs déjà opéré en partie leur changement démocratique.

Que reste-t-il de la Révolution en Tunisie?

De défaire des régimes autoritaires

Le printemps arabe qui a abouti en 2011, à la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Egypte ou Mouammar Kadhafi en Libye, a-t-il eu des répercussions en Afrique subsaharienne ? Oui, estime Robert Kappel, spécialiste allemand de l'Afrique.

"Je crois que de nombreux mouvements sur le continent africain pour plus de démocratie, plus d'ouverture, plus de participation, ont été inspirés par ce qui s'est passé dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ou ont été renforcés en vue de se défaire des régimes autoritaires, de l'oppression, du manque de liberté de la presse et pour plus de droits de l'homme sur le continent."

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L'analyste allemand évoque notamment le Burkina Faso, où des milliers de personnes ont protesté en 2014 contre le président Blaise Compaoré, qui avait dirigé le pays pendant vingt-sept ans et qui envisageait de changer la Constitution pour briguer un nouveau mandat.

Quand la jeunesse du Sénégal crie "Y en a marre!" (juillet 2011)
Quand la jeunesse du Sénégal crie "Y en a marre!" (juillet 2011)Image : AP

Au Sénégal, le mouvement de jeunesse "Y en marre" a mobilisé la rue contre le président sortant Abdoulaye Wade en vue de l'empêcher de briguer un troisième mandat.

Au Soudan, le président Omar al- Béchir a été évincé de ses fonctions en 2019, après des mois de troubles.

Des pays démocratisés

Pour Matthias Basedau, directeur de l'Institut d'études africaines (GIGA), les mouvements de protestation comme ceux du Burkina Faso, du Sénégal ou du Soudan sont néanmoins des exceptions.

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Il estime ainsi que dans de nombreux pays du continent, les régimes autocratiques avaient déjà été renversés au début de la décennie 1990, après la fin de la guerre froide.

"Une telle vague de démocratisation, ou tentative de démocratisation, existait déjà en Afrique subsaharienne, vers 1990. Et en 2000, elle avait conduit environ 90 % des pays à organiser des élections multipartites. Car en Afrique subsaharienne, la dépendance extérieure est également beaucoup plus importante, c'est-à-dire la dépendance vis-à-vis des donateurs occidentaux, mais aussi des autres donateurs qui les soutiennent. Ce qui explique peut-être pourquoi les pays étaient déjà plus démocratisés, pour ainsi dire."

En Libye, la guerre civile n'est pas terminée
En Libye, la guerre civile n'est pas terminéeImage : AFP/Getty Images/M. Longari

Certains pays africains, surtout ceux du Sahel, ont par ailleurs subi les conséquences négatives du printemps arabe. La chute de Mouammar Kadhafi en Libye a en effet plongé la région dans l'insécurité avec l'émergence de mouvements rebelles et de groupes djihadistes.

 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle