Sécurité : appels à la solidarité avec l’Afrique
21 février 2023Durant les trois jours de la rencontre, alors que des centaines de personnes manifestaient dehors notamment contre la guerre en Ukraine ou la répression en Iran, à l’intérieur de Bayerischer Hof qui accueillait la conférence, les dirigeants occidentaux exhortaient l’Europe à se réarmer.
Les tensions entre la Russie et l'Ukraine ont sans surprise, dominé la conférence. À Munich, les dirigeants ont affiché leur unité et ont appelé à accélérer le soutien militaire à Kiev. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel, a, lui souligné l’urgence de la situation.
"Il reste encore beaucoup à faire. Nous devons augmenter et accélérer rapidement notre soutien militaire à l'Ukraine. La première et la plus urgente chose que l'Europe géopolitique doit faire est d'armer l'Ukraine. Ici, nous avons dit, tout comme tous les dirigeants européens, que la Russie ne doit pas gagner cette guerre, que l'Ukraine doit l'emporter. Alors passons des mots aux faits », a insisté Josep Borrel.
L'impasse en Ukraine n'a pas été le seul sujet évoqué par les dirigeants lors de la rencontre de Munich. Il a été aussi question de la situation sécuritaire dans le Sahel et la relance de l'accord nucléaire iranien de 2015.
La politique de deux poids deux mesures
Lors des discussions, certains participants ont dénoncé une politique de deux poids deux mesures. Et Abdou Abarry, le Représentant spécial en Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), a regretté le manque de solidarité envers le continent.
"Si la menace sécuritaire n'est pas régionale quand il s'agit de l'Ukraine, la menace terroriste ne peut pas être considérée comme étant une affaire régionale lorsqu'il s'agit des pays du Sahel. Avec l'ensemble des membres africains du Conseil de sécurité ont appelé à mobiliser 423 millions de dollars pour pouvoir rendre opérationnelle la force du G5 Sahel. Ce n'est pas un secret, on n'a pas pu le faire aujourd'hui. C'est vrai. On voit la débauche d'énergie, on voit le financement, on voit les transferts d'armes qui vont en direction de l'Ukraine. Et il est tout à fait normal en tant qu'Africain, qu'on se pose des questions sur cette forme de solidarité", s'est demandé Abdou Abarry.
Par ailleurs, le rapport annuel de la Conférence de Munich sur la sécurité publiée en marge de la rencontre, a relevé le mécontentement des Africains à l’égard de l’occident à cause de ce manque de solidarité envers le continent.
Toutefois ce mécontentement ne se traduit pas pour l’instant par un soutien du continent à un ordre mondial dirigé par la Russie et la Chine.
Lors d'un panel consacré à la sécurité dans le Sahel, le chef de la diplomatie togolaise, le Prof. Robert Dussey a fait savoir que le continent africain veut prendre ses responsabilités et faire les choses suivant ses priorités.
"L’Afrique veut rester elle-même. L’Afrique veut rester libre de définir ses priorités. Nous sommes et restons toujours ouverts aux partenariats selon nos choix", a déclaré le ministre togolais.
Le panel avait réuni entre autres, le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), Abdou Abarry, le ministre des Affaires économiques de la Mauritanie, Ousmane Kane, la ministre allemande de la Coopération économique et le développement, Svenja Schulze.
À Munich, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a de son côté, exhorté la communauté internationale à envoyer un message clair aux putschistes que les coups d'État n'ont jamais été et ne seront jamais des solutions durables aux problèmes politiques, économiques et sécuritaires en Afrique.