Ballet diplomatique dans la crise ukrainienne
7 février 2022Eviter une guerre sur le continent européen. C'est le maitre-mot de la diplomatie européenne ce lundi. Olaf Scholz, le chancelier allemand, rencontre le président américain, Joe Biden. La ministre fédérale des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock est, au même moment, en Ukraine, tandis que le président français est en Russie, pour un entretien avec Vladimir Poutine. Les dirigeants européens tentent de trouver une solution à la crise en Ukraine. Le président français l'a répété avant son départ pour Moscou : il veut discuter de solutions pour "une désescalade".
Invasion prochaine ?
Mais le dossier est complexe. Les Etats-Unis assurent que Moscou est prêt à envahir l'Ukraine. Moscou aurait, selon le renseignement américain, déjà déployé 70% du dispositif nécessaire à cette invasion et pourrait disposer de capacités suffisantes, soit 150.000 hommes, pour lancer une offensive dans deux semaines, selon des responsables américains.
Les autorités russes contestent, parlent seulement d'assurer leur sécurité et demandent le retrait des troupes de l'OTAN -des troupes occidentales- de l'est de l'Europe, notamment de la Bulgarie et de la Roumanie.
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Mais sur le terrain, la situation ne semble pas aller dans ce sens. Près de 3000 soldats américains sont déjà arrivés en renfort en Europe, dès ce week-end. L'organisation du traité de l'Atlantique Nord a déjà rejeté la demande de Moscou. Le président français veut désormais "aller au fond des choses", avec Vladimir Poutine pour calmer le jeu.
L'Allemagne trop complaisante avec Moscou ?
De son côté le chancelier allemand rencontre Joe Biden. Une rencontre qui pourrait être là aussi compliqué. Plusieurs pays occidentaux reprochent, directement ou indirectement, à l'Allemagne d'être trop complaisante avec les autorités russes. Dimanche soir, l'ambassadeur ukrainien en Allemagne, Andrij Melnyk, en appelait même à davantage de solidarité, à la télévision allemande. "Ce dont nous avons le plus besoin, ce sont des armes défensives", disait Andrij Melnyk. "Et j'en appelle à l'opinion publique allemande : s'il vous plaît, aidez-nous."
Des livraisons d'armes que refuse toujours le chancelier allemand, Olaf Scholz. "Le gouvernement fédéral a une ligne de conduite claire depuis de nombreuses années : nous ne livrons pas d'armes dans les zones de crise et nous ne livrerons pas non plus d'armes létales à l'Ukraine", a-t-il encore répété le week-end dernier. En revanche l'Allemagne va envoyer 350 soldats supplémentaires en Lituanie dans le cadre d'une opération de l'Otan a annoncé la ministre de la Défense.
Olaf Scholz bientôt à Moscou
Aux Etats-Unis, Olaf Scholz discutera aussi certainement du dossier Nord Stream 2, ce gazoduc qui doit relier la Russie à l'Allemagne. Beaucoup appellent Berlin à bloquer le projet, pour priver la Russie de revenus financiers et faire pression dans la crise ukrainienne.
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Moscou a déjà prévenu qu'il serait difficile d'avoir des "percées décisives" ce lundi, vue la complexité de la situation. Le ballet diplomatique doit se poursuivre toute la semaine, et au-delà. Le chancelier allemand reçoit sous peu les dirigeants des pays baltes, pays à l'ouest de la Russie. Il sera aussi en visite en Ukraine lundi prochain, et à Moscou avec Vladimir Poutine mardi.