Derrière le repli de Kiev, l'ombre de Poutine
22 novembre 2013« Kiev envoie promener l'UE » titre ainsi die tagezeitung. Au lieu de se tourner vers l'ouest, le gouvernement ukrainien veut désormais « raviver » ses relations économiques avec Moscou. Pour les observateurs, il ne fait aucun doute que ce repli est lié aux pressions de la Russie. Il n'est un secret pour personne que le président russe Vladimir Poutine veut torpiller l'accord d'association.
Le rideau de fer est tombé, rappelle Die Welt, mais Vladimir Poutine, héritier auto-proclamé de l'empire soviétique, s'emploie actuellement à réunir ses anciens vassaux en une « Union eurasienne ». Si les signes ne trompent pas, il vient de remporter une victoire d'étape importante. En 2004, l'Ukraine avait connu une révolution pacifique contre les fraudes électorales et la corruption. Et même le président actuel, Viktor Ianoukovitch, qui s'était opposé à cette révolte, s'était détourné de son « frère » Poutine pour se rapprocher de l'Union européenne. Mais l'Ukraine, qui devait être un poids lourd du partenariat oriental de l'Union européenne, fait désormais machine arrière, déplore le quotidien.
Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est à coup de menaces, de blocages commerciaux et de tracasseries frontalières que la Russie a signifié à l'Ukraine qu'elle pourrait la conduire facilement à la faillite en cas de signature avec l'Union européenne. Moscou ne peut pas accepter que l'Ukraine agisse en État souverain. Mais si cette dernière est aussi vulnérable, c'est aussi parce qu'elle est dirigée par une bande de responsables corrompus et sans parole, pour lesquels le pouvoir et les gains personnels sont plus importants que le destin du pays.
Si l'accord n'aboutit pas, les dommages politiques seront certes lamentables mais limités pour l'Union européenne, estime enfin la Süddeutsche Zeitung. Car contrairement à Vladimir Poutine, Bruxelles ne considère pas sa politique de voisinnage comme une lutte de pouvoir ou d'influence. Tant que la Russie n'entretiendra pas avec l'occident des relations plus positives et moins guidées par la testostérone, l'Ukraine ne pourra pas se rapprocher davantage de l'Union européenne. Le changement ne se produira pas sous la présidence de Poutine qui a besoin de cette confrontation pour protéger son système autoritaire. Mais l'Ukraine a sa place en Europe. La Russie aussi, conclut le quotidien.