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Des espoirs avant une réunion à Kidal sur l'Accord de paix

2 février 2021

Pour la CMA, cette réunion permettra de constater la bonne foi de ce regroupement touareg qui contrôle la région de Kidal. Mais le chemin paraît encore long.

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L'Accord d'Alger prévoit entre autres une décentralisation poussée et des réformes au sein de l'appareil sécuritaire malien
L'Accord de paix a été signé en 2015 sous la médiation de l'AlgérieImage : Ahmed Ouoba/AFP/Getty Images

Au Mali, une réunion devrait avoir lieu dans une dizaine de jours, d'après certaines sources, pour faire le point de l'application de l'Accord de paix d'Alger. Cette réunion est prévue à Kidal, dans le nord-est du pays. Tout un symbole. La région cristallise en effet les attentions car elle est toujours contrôlée par les Touaregs de la Coordination des mouvements de l'Azawad.

Les visites d'officiels maliens sur place font chaque fois office de test pour une réconciliation. Ainsi, une mission du gouvernement de la transition, conduite par Ismaël Wagué, un des auteurs du coup d'Etat du 18 août et actuel ministre de la Réconciliation nationale, a donné lieu à une polémique. Le ministre s'est fait prendre en photo avec un membre de la communauté touareg. Un cliché très critiqué sur les réseaux sociaux au Mali.

Sidi ag Baye est un des responsables de la CMA. Il revient sur cette polémique mais d'abord sur la réunion prévue sur l'accord de paix. Une réunion pleine d'espoirs affirme-t-il dans une interview avec la DW.

Sidi ag Baye : Il faudrait rappeler d'abord que cette réunion avait été prévue pour se tenir à Kidal deux fois déjà. Cette fois, c'est la troisième et nous espérons que ce sera la bonne fois. C'est une réunion dans laquelle nous plaçons vraiment beaucoup d'espoirs.

DW : Quels sont ces espoirs du côté de la CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad)

Sidi ag Baye : Non, les espoirs c'est qu'il était quand-même bon, que la délégation ministérielle et tous les acteurs puissent se déployer sur le terrain, puissent rencontrer la réalité du terrain et voir les populations. Il faut voir les besoins. Parce que tant qu'on n'a pas vu cela, peut-être que les gens vont rester dans les supputations et les suppositions ! Donc, l'espoir de la CMA repose sur le fait que les délégations qui vont venir, vont voir la réalité du terrain, les besoins des populations en termes de services sociaux de base et ces délégations vont aussi comprendre que la CMA est vraiment ouverte à tout ce qui concerne la mise en œuvre de l'Accord.

La CMA est vraiment de bonne foi pour que les choses aillent mieux et dans le bon sens parce que pendant tout ce temps-là, on prend Kidal pour une ville infréquentable, on prend la CMA pour des gens animés d'une mauvaise foi. Donc l'espoir réside dans le fait vraiment que ces gens vont venir et qu'ils vont découvrir la réalité des choses. Et cette réalité est que la CMA est dans une posture de la construction de la paix, la construction de la confiance avec tous les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l'Accord.

DW : Parmi les acteurs qui seront présents à Kidal, y a l'ONU à travers la Minusma, il y a la France, il y a le gouvernement de Bamako etc. Tous ces acteurs plaident pour un retour de l'autorité du Mali à Kidal. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Sidi ag Baye : "La CMA est de bonne foi"

Sidi ag Baye : Non, moi je pense qu'il ne faut pas voir uniquement le retour de l'autorité du Mali à Kidal mais qu'il faut le retour de l'administration sur l'ensemble des régions de l'Azawad. Pas seulement à Kidal. Et ça, l'Accord dicte la manière, la procédure par laquelle ça doit passer. Ça doit passer par une mise en œuvre diligente et intégrale de l'accord issu du processus d'Alger. Il ne faudrait pas que les gens focalisent les efforts sur Kidal, à voir Kidal dans le viseur de l'Etat. C'est bien plus que cela. C'est bien beaucoup plus profond que cela j'allais dire. Et il s'agit du retour des services sociaux de base, il s'agit du retour de l'Etat, de l'administration et tout cela passe par la mise en oeuvre de l'accord.

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DW : Lors de la visite dernièrement de la délégation gouvernementale, le colonel Ismael Wagué a fait une photo avec un membre de la communauté touareg et cela a déclenché des réactions sur les réseaux sociaux, certains disant que c'était une erreur qui a été commise parce que les Touaregs avaient assassiné des militaires maliens. Est-ce que vous pensez que c'est une ambiance propice à ce que les deux parties puissent se retrouver?

Sidi ag Baye : Le fait de parler des Touaregs qui avaient assassiné des militaires maliens, moi je m'inscris en faux contre cette allégation qui est vraiment développée au niveau de la presse malienne, des médias etc. C'est vrai, au cours des combats, il y avait eu des morts de part et d'autre. Aussi bien du côté de l'armée que des combattants de l'Azawad, il y a eu des morts, mais il n'y a pas eu des militaires maliens assassinés par des Touaregs. Il faut vraiment que les gens arrêtent cela.

Autre chose, il y avait quelqu'un qui portait son macaron, le macaron de l'Azawad et qui a pris une photo avec le ministre. Donc je ne vois pas, je ne sais pas quelle intention il y avait derrière cela car son macaron, il le porte régulièrement ! Maintenant, je ne peux rien vous dire par rapport aux jugements que les gens en font. Ce qui est sûr, chacun a sa façon de voir les choses. Généralement les gens voient même les choses plus en mal qu'en bon. Voilà.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum