Gabon : "On fait un peu dans la politique des annonces..."
31 octobre 2023Au Gabon, les faits et gestes du président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema sont scrutés dans les moindres détails. Dernière polémique en date, la mort d’un jeune homme qui aurait été frappé à mort par des militaires. Celui-ci n’aurait pas respecté l’horaire du couvre-feu. Mais de telles bavures étaient surtout fréquentes sous le régime déchu. En dépit de leur engagement à ouvrir une nouvelle ère dans la gouvernance du pays, les autorités de la transition n'ont pas encore réagi.
"Une politique spectacle"
Autres critiques, la nomination par le président de la transition des membres du parlement de transition à savoir l'Assemblée nationale et le Sénat qui ont effectué leur rentrée, hier lundi 30 octobre. À cela s'ajoute la possibilité qui est offerte par la Charte de la transition à Brice Clotaire Oligui Nguema d'être candidat à la prochaine élection présidentielle.
Le général putschiste essuie plusieurs critiques, pourquoi se garde-t-il le droit de nommer les membres du parlement? Pourquoi la charte de la transition reste muette sur une éventuelle candidature de ce dernier ?
"On a aussi l’impression qu’on fait un peu dans la politique des annonces et la politique spectacle. “Le président voyage”, “le président était à l’église”, chaque jour on assiste à une actualité présidentielle, pas qu’on soit contre, mais qu’on aille vers l’essentiel, nous sommes dans une crise sociale sévère, il y a des problèmes à résoudre", explique à DW, Kurt Mahéba, acteur politique, qui estime que le nouvel homme fort du Gabon pratique "une politique spectacle."
Du côté de la population, malgré les nombreuses critiques, certains préfèrent laisser plus de temps aux nouvelles autorités pour faire leurs preuves.
Sébastien, cadre d’âge moyen juge que les critiques formulées contre les autorités de la transition sont légitimes.
"On ne peut pas interdire la critique, ça fait partie du jeu démocratique et des libertés fondamentales, tout ça c’est dans l’intérêt du Gabon." Mais, Malorie, une vendeuse âgée de 34 ans, est confiante.
"On ne va pas harceler quelqu’un, on ne va pas mettre la pression en fait. Petit à petit, on doit être conscient qu’il a trouvé le Gabon vraiment K.O. Moi je pense qu’avec le temps, tout ira bien".
Deux mois après le coup d'État, quoique sans effusion de sang qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba, les Gabonais attendent toujours les prémices de la refondation de leur pays, tel que promis par le Comité pour la transition et la restauration des institutions, CTRI, lors de sa prise du pouvoir.