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Urgence humanitaire et sanitaire au Soudan

Tania Krämer
22 juin 2023

Au Soudan, l'Onu et les ONG sur place continuent d'appeler à protéger et accompagner les civils, premiers à souffrir de la violence des affrontements.

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Des habitants de Khartoum, au Soudan, montent dans un camion pour quitter la ville pendant le cessez-le-feu, le 19.06.2023
Des habitants de Khartoum, au Soudan, montent dans un camion pour quitter la ville pendant le cessez-le-feu, le 19.06.2023Image : AP/picture alliance

Les témoignages des ONG présentes sur le terrain se recoupent. Ils décrivent des cadavres jonchant les rues, des civils tués dans leur tentative de fuite, des dizaines de milliers de femmes enceintes sans hôpitaux à proximité.

Au Soudan, les combats entre les paramilitaires et l'armée soudanaise ont repris mercredi matin (21.06.2023) après un cessez-le-feu de trois jours, et avec eux, les crimes de masse perpétrés sur les civils. On comptabilise à ce jour des milliers de tués et plus de 2,5 millions de personnes déplacées au Soudan ou dans les pays voisins. Pour l'instant, aucune amélioration n'est en vue.

Civils et organisations visés par les exactions

Marché de Al-Geneina au Darfour jonché de débris le 29.04.2023
Marché de Al-Geneina au Darfour jonché de débris le 29.04.2023Image : Str/AFP

A Al-Geneina, dans la région du Darfour, civils et associations humanitaires sont ciblés directement par les milices. Mohammed Assan est directeur du réseau Darfour pour les droits de l'Homme.

"Les civils, depuis plus de deux mois, ne sont pas autorisés à sortir d'Al-Geneina.", témoigne-t-il à l'agence Reuters. "Lorsque les femmes sortent, les milices les violent et les tuent. Quand les hommes sortent, ils les tuent aussi. Cette zone est totalement détruite. J'ai perdu l'un de mes employés, c'était une bonne personne, il a laissé trois enfants et sa femme.

Selon l'activiste, les Forces de Soutien Rapide ciblent maintenant les organisations et les activistes. Ces derniers sont témoins des violations commises par les milices, et il s'agirait d'une manière de détruire les informations.

Al-Geneina est coupée en grande partie des réseaux téléphoniques depuis des semaines, mais les témoignages, confirmés par des ONG telles que Médecins Sans Frontières, affluent selon Reuters. 

Il existe des signes avant-coureurs d'une répétition des atrocités perpétrées au Darfour après 2003, lorsque les milices "Janjaweed", dont est issue la FSR, avaient aidé le gouvernement à écraser une rébellion de groupes principalement non arabes au Darfour. Un conflit ethnique, donc - les Masalit, ethnie non-arabe à la peau plus foncée, seraient spécifiquement pris pour cible par les milices.

Afflux à la frontière tchadienne : "il y a eu des massacres"

De l'autre côté de la frontière, à Arde, au Tchad, même son de cloche. Laura Lo Castro, représentante du Haut-Commissariat aux Réfugiés au Tchad, rapporte les témoignages des réfugiés sur le terrain : "Ils ont décrit des scènes terrifiantes, où tout le monde a dû fuir pour sauver sa vie. Il y a eu des massacres et donc, dans leur fuite, ils ont parfois dû malheureusement laisser derrière eux des petits enfants qui ne pouvaient pas courir, des personnes blessées et des personnes âgées".

Elle estime que 15.000 réfugiés soudanais sont arrivés en l'espace de 48 heures.

L'Onu estime que les exactions à l'origine de la fuite forcée de tous ces habitants du Darfour pourraient constituer des "crimes contre l'humanité". Les forces en présence, de leur côté, s'accusent mutuellement des violences perpétrées.

Une situation sanitaire alarmante

La situation au Soudan alarme aussi l'Organisation mondiale de la Santé. 11 millions de personnes ont actuellement besoin d'une assistance sanitaire et deux tiers des établissements de santé sont hors service, selon l'OMS.

Le porte-parole du Secrétaire général de l'Onu, Fahran Haq, renouvelait ce mercredi (21.06.2023) l'engagement de l'institution à soutenir la société civile : "Nous continuerons à acheminer l'aide, qu'il y ait ou non un cessez-le-feu. Mais nous continuons également à demander la fin des combats, afin de pouvoir atteindre toutes les personnes dans le besoin au Soudan, où qu'elles se trouvent."

17.000 tonnes d'aide ont été acheminées vers différentes régions du pays ces quatre dernières semaines, selon l'Onu. L'organisation estime que 25 des 48 millions de Soudanais ne peuvent survivre sans aide humanitaire.

La communauté internationale a promis, lundi (19.06.2023), 1,5 milliard de dollars d'aide, soit la moitié des besoins avancés par les agences humanitaires.