Héréros et Namas et Angela Merkel en Afrique dans la presse
31 août 2018C'était la rentrée scolaire dans certaines villes allemandes cette semaine, il y avait beaucoup d'actualité politique aussi, des problèmes de manifestations racistes, et pourtant on a laissé pas mal de place pour l'actualité du continent dans les journaux allemands.
Dès lundi, la Tageszeitung revenait sur la décision de la Céni en RDC d'écarter plusieurs candidats pour la présidentielle prévue normalement en décembre. "La commission Kabila mord et écarte tout le monde" titre le journal qui revient notamment sur le refus de la candidature de Jean-Pierre Bemba. Pour le journal cette décision revient à remettre en cause "des élections honnêtes".
"Il ne reste que 19 candidats, dont l'opposant Felix Tshisekedi, et l'indépendant candidat de la majorité Emmanuel Ramazani Shadary", écrit le journal en mettant le mot indépendant entre guillemets. Et le journal de conclure sur les "troubles inquiétants" de l'opposition le week-end dernier.
Massacre des Héréros et Namas
La presse s'est aussi beaucoup intéressée à la question des Héréros et Namas en Allemagne cette semaine. "La restitution des os des défunts est un début", titre la Taz mercredi alors que l'Allemagne s'apprêtait à remettre les ossements de victimes du génocide au début du siècle dernier dans l'actuelle Namibie.
Israel Kaunatjike, activiste Herero de 71 ans, la première a avoir milité pour le retour des restes en Namibie, se confie. Elle qui vit en Allemagne depuis les années 70 parle "d'un mouvement mondial de l'Afrique du Sud, aux USA en passant par l'Allemagne. Il a permis cette avancée", dit-elle. La vieille dame confie tout de même "sa difficulté face à cet événement, qui l'oblige à repenser aux camps de concentration et à tous ces gens dont on ne sait pas encore où sont les corps".
"Ca fait plus de 100 ans maintenant, je voudrais m'excuser", dit lui le sénateur de la justice à Berlin, Dirk Behrendt dans le Tagesspiegel. Il est le deuxième sénateur à la faire et demande au gouvernement allemand de la faire aussi au nom de toute la nation, "parce qu'il est vraiment temps", dit-il. Une demande répétée par les associations aussi, mais que l'élu du parti des Verts tente d'appuyer.
La Neues Deutschland revient sur les procédures en cours aux USA. "Un haut responsable Héréro poursuit le gouvernement allemand pour obtenir des réparations à New-York", rappelle le quotidien. Ils évoquent les négociations et cours et révèle que le gouvernement fédéral pourrait en parallèle donner 280 millions d'euros à une fondation germano-namibienne qui travaille sur le souvenir. "La restitution n'est pas une fin en soi, c'est qu'un début et beaucoup reste à faire", conclut l'activiste Israel Kaunatjike dans la Taz.
Angela Merkel en Afrique
Dans la presse aussi, le voyage d'Angela Merkel en Afrique cette semaine. "On attend plus rien de l'étranger", confient amers des jeunes Sénégalais au journal die Welt. Ils reprochent la démarche adoptée par l'Allemagne ou d'autres pays occidentaux. "On devrait discuter, voir les volontés du Sénégal, les besoins et après agir", dit le journal. "Mais en pratique les Européens arrivent avec leurs projets dans les ministères, hochent la tête s'il faut changer un point et souvent il ne s'agit que d'ajouter des Workshops à l'étranger pour les fonctionnaires", regrette le journal.
Développer l'économie
Alors "comment pourrait-on vraiment aider l'Afrique", titre die Welt, mardi. Le journal veut apporter des solutions concrètes, en opposition au concept très large "de partenariat économique et d'aide au développement". Il nous emmène à la rencontre d'un entrepreneur allemand installé en Afrique de l'Ouest depuis 15 ans, aujourd'hui au Ghana. "Il faut cesser de croire qu'on aide un pays en faisant des écoles ou en perçant des puits", estime-t-il. "Il faut que l'économie sur place se développe et c'est de la responsabilité des gouvernements sur place", selon-lui.
"Sauf que beaucoup ont échoué en Afrique", commente le journal qui prend l'exemple du Ghana et de la Malaisie, qui ont grossièrement le même nombre d'habitants et ont été indépendants la même année. "Aujourd'hui la Malaisie a une production économique de près de 11.500 dollars par habitant, c'est 1.800 au Ghana, alors même que le pays a reçu plus d'aide au développement."
Améliorer les conditions d'accès aux visas
Pour améliorer la situation le chef d'entreprise évoque les simplifications administratives, des aides pour accéder aux prêts plus facilement ou le développement de l'électricité. "Et puis l'Europe et l'Allemagne doivent aider dans la lutte contre la corruption, parce que beaucoup d'argent transite par l'Europe. Il faut aussi réduire les barrières qui empêchent les produits transformés d'être exportés en Europe", dit le chef d'entreprise.
"Et puis il faut revoir les conditions d'accès au Visa", insiste beaucoup le chef d'entreprise. Il y a quelques mois il voulait envoyer un de ses meilleurs ingénieurs pour une formation en Allemagne, ce fut un combat sans fin. "Simplifier tout cela aiderait plus que dix milliards d'aide", conclut le journal.
De jeunes entrepreneurs au Rwanda
Et puis pour finir, des bonnes idées venues du Rwanda. Un pays qui fait "grossièrement la même taille que le Land, la région du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale dans le nord-est de l'Allemagne", nous raconte la Tageszeitung lundi. "Sauf qu'il y a en Allemagne, dans cette région 1,6 millions d'habitants, et qu'ils sont 13 millions au Rwanda", compare encore le quotidien. Et parmi eux il y des jeunes qui ne manquent pas d'idées !
L'article nous raconte l'initiative de Kajyibrami Ghilain, 18 ans à peine, et qui veut permettre aux citadins de son pays de faire aussi de l'agriculture. Il a lancé un projet où des bouteilles en plastique, découpées puis plantée à l'envers permettent de faire pousser des légumes sur des balcons.
Un de ses amis a aussi lancé un savon qui soulage l'inflammation. Le seul souci est que les jeunes manquent d'argent pour faire grandir leur projet. Pas découragé, un des deux jeunes envisage de faire des études au Canada pour apprendre et ensuite se lancer "dans d'autres domaines", espérant trouver le projet qui sera financé et pourra grandir.
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