Le prix de l'huile de palme flambe en Afrique
23 septembre 2022L'inflation est actuellement sur les bouches de bon nombre d'Africains. Les prix de certains produits de première nécessité, notamment l'huile de palme, connaissent une hausse spectaculaire. Depuis le début de l'année, le contexte de la guerre en Ukraine est mis en avant pour expliquer les raisons de cette flambée. Mais dans certains cas, cela est devenu un prétexte.
La spéculation sur les prix
Le Gabon figure parmi l'un des principaux pays exportateurs d'huile de palme raffinée en Afrique. Depuis les cinq dernières années, la production d’huile gabonaise est en augmentation constante.
L'année dernière, celle-ci a atteint le chiffre record de près de 450.000 tonnes. Mais les consommateurs se plaignent de la spéculation qui se remarque depuis un certain temps sur le prix de l'huile locale.
Le ministère gabonais du Commerce a récemment publié un communiqué mettant en garde les opérateurs économiques qui entretiendraient une pénurie factice pour contraindre les acheteurs à accepter une hausse des prix
Face à cela, le gouvernement assure que des mesures de contrôles seront prises afin "de sanctionner sévèrement tous les contrevenants dans le but de préserver le pouvoir d’achat des ménages".
Le Cameroun, un autre pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale, connaît la même situation. Depuis fin février dernier, le prix de l'huile de palme est en hausse constante.
Etienne Bienvenu Akono, professeur d'économie à l'université de Yaoundé, explique que "les agents économiques ont très souvent un comportement opportuniste. Du simple fait qu'ils ont observé que les prix ont augmenté sur presque l'ensemble des biens de première nécessité, mécaniquement, même ceux qui ne sont pas concernés par cette guerre, vont chercher à tirer avantage de cette situation".
Profiter de la situation sécuritaire délétère
Si les uns profitent de la guerre en Ukraine , d'autres aussi, notamment au Mali, profitent de l’insécurité. Une grande partie du territoire malien étant sous contrôle djihadiste, la population est obligée de migrer vers Bamako.
Les commerçants qui importent l'huile de palme de Guinée fixent alors les prix à leur avantage.
Mais la question qui se pose, selon Sekou Diakité, professeur d'économie à l'université de Bamako, est celle de l'inaction du gouvernement de transition:
"Je ne vois pas de mesure du gouvernement. Il y a aussi le problème du monopole. On donne par exemple le produit de première nécessité à trois commerçants. C'est eux qui importent cela et ils vont fixer le prix qu'ils veulent. L'Etat doit chercher à combattre cela. Quand on donne le monopole, il y a une certaine marge qui ne doit pas être dépassée pour que les grossistes et les détaillants veillent à cela. Mais c'est regrettable que cela se fasse jusqu'ici".
Certains pays comme la RDC indiquent aussi que la hausse du prix de l’huile de palme serait due à celle des coûts du transport maritime, mais aussi au manque d’intrants agricoles pour soutenir la production locale d'huile.