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Indignation après l'incident du Reichstag

31 août 2020

Samedi, des manifestants anticoronavirus ont tenté de pénétrer dans l'enceinte du Parlement allemand à Berlin. La classe politique et la société civile s'indignent.

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Manifestation anticoronavirus à Berlin devant le Reichstag le 29 août 2020
Manifestation anticoronavirus à Berlin devant le Reichstag le 29 août 2020Image : picture-alliance/dpa/F. Sommer

 Samedi, des manifestants du mouvement « anti-corona » ont tenté de forcer le cordon de sécurité du Reichstag qui abrite le Parlement allemand, à Berlin. Les forces de l’ordre de l’ordre ont réussi in extremis à les empêcher d’entrer dans le bâtiment. Ces militants d’extrême-droite brandissaient pour certains des drapeaux noir-blanc-rouge de l’ancien empire allemand, aussi adopté par le régime nazi entre 1933 et 1935. Cet incident a suscité un véritable tollé à travers la classe politique et la société allemandes.

Une radicalisation du mouvement anticoronavirus

"Des images inacceptables", une "attaque contre la démocratie"… les condamnations pleuvent de toutes part.

Beaucoup analysent cet incident du Reichstag comme un premier signe de radicalisation du mouvement anti-corona. 

Au départ, ces manifestations étaient destinées à protester contre les restrictions liées au coronavirus – comme le port du masque ou la distance à respecter entre les gens.

Mais cette tentative d’incursion dans l’un des symboles de la République allemande, qui avait été incendié par les nazis en 1933 dans un acte de destruction de la démocratie, marque une étape supplémentaire dans la protestation, tout comme la présence visible de l’AfD ou de groupuscules néonazis parmi les 40.000 manifestants.))

La plus haute personnalité de l’Etat, Frank-Walter Steinmeier, a pris plusieurs fois la parole pour faire part de sa "répulsion". Le président allemand, qui est le garant des institutions, fustige la présence de drapeaux du Reich allemand dans le cortège et "[…] sur les marches du Parlement allemand librement élu, le cœur de notre démocratie, ce n’est pas seulement un acte odieux, mais étant donnée l’importance historique du lieu, c’est tout bonnement intolérable."

Les heures sombres du passé

Condamnation sans appel aussi du côté du gouvernement et de la chancelière Angela Merkel, par la voix du porte-parole Steffen Seibert :

"Ce week-end nous avons assisté à un exemple d’abus du droit de manifester par certains éléments. Ce droit à manifester pacifiquement est un bien précieux, y compris en ces temps de pandémie. Le résultat, ce sont ces images honteuses au Reichstag."

Le vice-chancelier Olaf Scholz qualifie aussi d’"inacceptable" le recours à des symboles des heures "sombres" du passé.

>>> Ecouter aussi Droits et Libertés sur l'AfD:

En Allemagne, l'AfD à un carrefour politique

Le porte-parole du ministre de l’Intérieur Horst Seehofer (CSU) tempère : selon lui, il ne faut pas parler uniquement d’extrémistes de droite car "il y avait aussi des drapeaux turcs"ou israéliens dans la foule. 

"Un tout petit pourcentage de gens" est à l’origine de cette provocation, souligne pour sa part le député CDU Patrick Sensburg dans une interview à la DW.

"Ils usent de la violence pour propager leur idéologie. Je crois devoir souligner que toute manifestation et toute prise de parole est libre en Allemagne. Sans aucun doute. Mais seulement dans les limites de la loi. Le respect de la loi est primordial. Et bien sûr, le caractère pacifique d’une manifestation.", explique le député conservateur.

Une meilleure préparation en amont

Annalena Baerbock, présidente du parti écologiste, réclame une meilleure préparation des autorités avant ce genre de rassemblements. Selon elle, "il est capital que nous ayons désormais une meilleure analyse en amont – faite par les services de renseignements - sur les groupes d’extrême-droite qui instrumentalisent ce types de manifestations."

Le ministre-président de Bavière, Markus Söder (CSU), évoque quant à lui une véritable "césure" à laquelle il faut réagir pour défendre la démocratie.

Le secrétaire-général du SPD dénonce aussi une "agression contre la démocratie".

Le chef des Jeunesses du parti social-démocrate (SPD), Kevin Kühnert, estime que parce qu’il s’agit justement d’une infime minorité, il ne faut pas tomber dans le piège d’offrir une tribune médiatique à l’extrême droite, comme du temps des manifestations du mouvement Pegida contre les étrangers.

Ce point de vue rejoint celui du président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster, qui déplore aussi la visibilité de l’extrême droite qui recherchait exactement cela par ses provocations du week-end.

Enfin, le président de la Conférence épiscopale condamne des images "inacceptables".

Le rôle de la police en question

Cet incident a également lancé une réflexion sur les forces de l’ordre : au début de la tentative d’assaut du Parlement, seuls trois policiers étaient en faction devant le bâtiment. Mais, avec du renfort, ils ont pu de justesse repousser le groupe qui essayait d’entrer. Trois cents personnes ont été interpellées. 

Le Comité des doyens du Bundestag doit se réunir dans la semaine pour discuter de la situation et des forces qui devront assurer la sécurité du Bundestag à l’avenir – pour l’instant c’est la police berlinoise.

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