Jusqu'où l'Allemagne peut-elle soutenir Israël ?
20 mars 2012Au moment de la création de l’Etat d’Israël, en 1948, les relations de l’Etat hébreu avec l’Allemagne étaient extrêmement tendues. On sortait tout juste de la guerre, et de l’extermination planifiée des juifs par le régime nazi. A l’époque, les Allemands n’avaient pas le droit de se rendre en Israël et, jusqu’en 1956, les passeports israéliens portaient la mention « valable pour tous les pays du monde, à l’exception de l’Allemagne ».
Près de 60 ans plus tard, de l’eau a coulé sous les ponts et les deux pays entretiennent désormais des relations étroites, sur les plans politique, culturel, économique et même scientifique. Evidemment, les relations les plus visibles entre deux Etats sont celles entre leurs deux gouvernements. Et depuis la signature de l’accord dit "de réparation" par David Ben Gourion, côté israélien, et le chancelier ouest-allemand de l’époque, Konrad Adenauer, les deux pays n’ont cessé de se rapprocher.
A partir de 1965 et le début officiel des relations diplomatiques, les échanges entre les deux populations se sont accrus. Silke Tempel, rédactrice en chef de la revue allemande « Politique internationale », éditée par la DGAP, la Société allemande de recherche sur la politique extérieure : « Le gouvernement allemand actuel a multiplié les avancées en direction d’Israël. La chancelière Angela Merkel a même déclaré devant les députés de la Knesset que la sécurité d’Israël comptait parmi les priorités de l’Etat allemand. Les deux gourvernements sont très proches. Au sein de la population, les avis sont plus divers, entre les pro-israéliens, les anti-israéliens et le milieu qui ne comprend plus vraiment l’Etat hébreu. »
L’Allemagne suit de près le – ou les – conflit(s) au Proche-Orient. Plusieurs fois, durant les années 2000, elle a fait office de médiateur, non seulement entre Israël et les Palestiniens ou le Liban, au sein du Quartette pour le Proche-Orient, mais aussi, et surtout, au sein de l’Union européenne. Certains autres Etats européens, comme la France, étant traditionnellement plus favorables aux Palestiniens.
En cas de conflit ouvert entre l'Etat hébreu et son ennemi n°1 du moment, l'Allemagne serait vraisemblablement contrainte de se rallier à la position européenne. Le ton qui monte entre Israël et l'Iran inquiète en effet. Silke Tempel :
« Pour le moment, on se dit en Europe et aux Etats-Unis que ce ne serait pas une bonne idée qu’Israël frappe seul l’Iran. Donc, on essaie de convaincre Israël que tout est fait pour éviter que l’Iran ne se dote de l’arme nucléaire, notamment avec un durcissement des sanctions contre l’Iran. Et la communauté internationale tente de dissuader Israël d’ouvrir les hostilités. En même temps, elle se sert de ce chantage militaire pour faire pression sur l’Iran et lui dire qu’elle n’acceptera pas qu’il se nucléarise. »
L’Allemagne, deuxième principal partenaire économique de l’Etat hébreu, est pris dans le même étau diplomatique que les autres pays occidentaux.
Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Georges Ibrahim Tounkara