La Somalie, loin d'être un havre de paix
20 août 2012La Somalie dispose d'un parlement, oui, ou en tout cas d'un groupe, qui fait office de chambre, de 275 parlementaires à terme, désignés par des chefs coutumiers. Pour se réunir, les députés ont demandé aux forces de l’Union africaine de sécuriser l’aéroport de Mogadiscio, et réclamé urgemment à l’ONU de leur trouver « un autre endroit constituant un refuge » pour leurs prochaines séances.
Mauvais augure ?
D’autant qu’il y en a bien d’autres, des problèmes à régler.. et de taille. Tout d’abord parce que la Somalie est plongée dans la guerre civile depuis plus de vingt ans. Ensuite, parce que l’actuel gouvernement fédéral de transition, soutenu depuis 2004 par les Nations Unies et dont le mandat expire ce lundi, n’a pas réussi à reprendre le contrôle du pays entier. Les milices shebabs continuent de sévir dans de vastes pans du pays. Le mandat de la transition a dû déjà être prolongé par deux fois pour cause d’impasse politique et de haute insécurité.
Aujourd’hui, le parlement s’est constitué, mais il n’a finalement pas procédé à l’élection du président, contrairement à ce qui était prévu.
L'élection du président repoussée
L'élection du président a été remise à une date ultérieure des raisons de procédure. Notamment le fait que l’assemblée n’est toujours pas complète. Le président pourrait être élu d’ici la fin août ou début septembre, mais la plupart des observateurs sont très sceptiques. Beaucoup craignent en effet que ce passage de pouvoir ne soit « pipé » et ne serve en fait qu’à reconduire dans des mandats officiels des membres de la transition actuelle. Ceux-là même qui n’ont pas réussi à restaurer la stabilité et qui ont été accusés par l’ONU de corruption et détournements massifs de fonds – un détournement qui pourrait aller jusqu’à 70% de l’argent de l’Etat, d’après un rapport des Nations Unies début août, qui aurait dû être tenu secret.
Cheikh Charif Cheikh Ahmed favori
Le président sortant, Cheikh Charif Cheikh Ahmed, est l’un des favoris, alors qu’il fait partie de ceux qui sont soupçonnés de malversations. Il a été élu en 2009, après avoir renoncé à la rébellion islamiste armée. En tout, près de 80 candidats sont déclarés à la présidentielle. Parmi lesquels peu ont l’étoffe politique ou les relations nécessaires en Somalie pour pouvoir diriger le pays.