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L'activiste camerounais Ramon Cotta dans un état critique

Georges Ibrahim Tounkara
28 août 2024

Ramon Cotta, un critique du pouvoir du président Paul Biya, avait été arrêté au Gabon en juillet dernier, puis extradé au Cameroun.

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Paul Biya
Image : Stephane Lemouton/abaca/picture alliance

Ramon Cotta, de son vrai nom Yves Kibouy Bershu, vivait au Gabon depuis dix ans, où il était également connu sous le nom de Steve Akam. Un activiste devenu célèbre pour ses vidéos TikTok très critiques envers les autorités camerounaises.

Avec le réchauffement des relations diplomatiques entre le Gabon et le Cameroun, depuis le coup d’Etat militaire au Gabon,  Libreville est devenue une ville moins sûre pour les dissidents camerounais comme Ramon Cotta.

L’activiste a donc été arrêté, puis remis aux autorités camerounaises à la mi-juillet, selon HRW. Puis, plus aucune trace de lui.

Pour HRW, le gouvernement camerounais réprime l'opposition et la liberté d'expression
Pour HRW, le gouvernement camerounais réprime l'opposition et la liberté d'expressionImage : John MacDougall/AFP/Getty Images

Etat critique 

Le 20 août 2024, les avocats de Ramon Cotta ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils l'avaient localisé dans une cellule de sécurité du tribunal militaire de Yaoundé, paralysé du côté gauche et souffrant de  "graves déficiences visuelles", à la suite de tortures subies en détention. 

La dernière fois que Ramon Cotta avait été vu, c'était dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux le 21 juillet, où il se tenait menotté et entouré par des membres de la police camerounaise à un poste frontière entre le Gabon et le Cameroun, dans la ville camerounaise de Kye-Ossi. 

"Des informations inquiétantes indiquent qu’il pourrait déjà avoir perdu la vue et la capacité de marcher correctement à cause de la torture", estime Ilaria Allegrozzi, chercheuse à Human Rights Watch, dans un rapport publié ce mardi 27 août.

"Ses  avocats ont déclaré à HRW que leur client était accusé d'actes de terrorisme, d'insurrection, de financement du terrorisme, de trafic d'armes et d'insulte au chef de l'Etat et aux membres du gouvernement", ajoute la chercheuse.

La répression des opposants 

Pour HRW, depuis des années, le gouvernement camerounais réprime l'opposition et la liberté d'expression, emprisonne des militants politiques, des journalistes et des dissidents.

A l'approche des élections générales de 2025, il restreint de plus en plus les libertés d'expression et d'association dit l'ONG de défense des droits de l'homme.

Le journaliste Martinez Zogo a été retrouvé mort en janvier 2023
Les voix dissidentes comme celle du journaliste Martinez Zogo sont de moins en moins toléréesImage : Daniel Beloumou Olomo/AFP/Getty Images

HRW rappelle qu’en juin, des membres des services de renseignement ont arrêté, à Douala, Junior Ngombe, un activiste des médias sociaux, pour ses vidéos TikTok prônant le changement démocratique. 

Après une intense pression de la société civile, Junior Ngombe a été libéré sous caution le 31 juillet, après sept jours de détention.

L’assassinat du journaliste Martinez Zogo, en janvier 2023, avait remis au-devant de l’actualité la question des atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté d’expression au Cameroun.

Le gouvernement camerounais dénonce  de son côté "la montée des propos injurieux contre les institutions et ceux qui les incarnent", dans la perspective de l'élection présidentielle de 2025.
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle