L’armée allemande va-t-elle poursuivre sa mission au Mali ?
7 février 2022L'idée de retirer l’armée allemande du Mali fait son chemin au sein du gouvernement de coalition à Berlin.
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D’une part, les élus allemands ne veulent pas que l’Allemagne répète l’erreur commise en Afghanistan et doive finalement suivre précipitamment la France, si celle-ci venait à se retirer du Mali. D'autre part, le comportement du régime militaire malien fait craindre une déstabilisation du pays.D'autant qu'après deux coups d'État, aucune élection n'est encore en vue.
C'est ce qu'explique Eva Högl, chargée des questions militaires au Bundestag - la chambre basse du Parlement allemand.
"Bien sûr, le gouvernement malien doit dire ce qu'il attend, ce qu'il veut, mais il doit aussi être un partenaire fiable pour nous. Nous avons de plus en plus l'impression qu'il n'est plus un partenaire fiable, mais au contraire qu'il entrave les missions et que les missions ne sont pas souhaitées."
Stabiliser le Mali
Toujours selon Eva Högl, il faut certes stabiliser la région du Sahel mais elle estime aussi qu’il faut prendre une décision rapide sur la manière de poursuivre l'intervention de l’armée allemande au sein de la mission de formation de l'UE et celle de l'ONU, la Minusma.
Dans une interview accordée à la deuxième chaine de télévision allemande, la ministre de la Défense Christine Lambrecht a fait part de son scepticisme.
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"Indépendamment du très grand engagement de nos soldats sur place, la question se pose naturellement de savoir si ce sont les dirigeants que nous voulons soutenir dans la lutte contre le terrorisme, que nous voulons rendre forts. Est-ce que nous atteindrons nos objectifs à l'avenir ? C'est très discutable."
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Des difficultés avec la junte
Par ailleurs, Berlin estime que la Bundeswehr et ses alliés ont plus de mal à travailler sur place. "C'est pourquoi il est très difficile d'imaginer que cet engagement puisse être poursuivi", souligne la ministre de la Défense.
Enfin, dans une interview récente accordée au journal Süddeutsche Zeitung, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock avait elle aussi posé à haute voix la question de savoir si cela pouvait continuer ainsi comme le souligne ici son porte-parole Christofer Burger :
"Malgré tout, nous sommes maintenant confrontés à une situation dans laquelle nous devons, comme l'a dit la ministre, nous demander honnêtement si les conditions d'un engagement réussi sont encore réunies".
A cela s'ajoute le fait que non seulement la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest a décrété des sanctions contre les membres de la junte militaire, et que l'UE s'y est également ralliée entre-temps.
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