L'attentat de Hanau révèle la banalisation de la xénophobie
21 février 2020Avant la tuerie de Hanau, plusieurs actes de violence ont été commis impliquant l’extrême-droite. Il y avait eu l’assassinat, en juin 2019, de Walter Lübcke, un élu local considéré comme favorable aux migrants. Le principal suspect de ce meurtre est un militant d’extrême-droite.
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Puis, en octobre dernier, l’attaque, en partie manquée, d’une synagogue à Halle, dans le Land de Saxe-Anhalt, qui a fait deux morts. Vendredi 14 février, quelques jours avant l'attentat d'Hannau, la police avait procédé à l’interpellation d’un groupe d’extrême-droite. Ses membres sont soupçonnés d’avoir voulu viser des lieux de culte musulman.
Une menace de plus en plus grande
Le gouvernement fédéral dénombre 542 actes de violences d’extrême-droite entre janvier et août 2019. Des attaques qui ont fait au moins 240 personnes blessés. Selon les statistiques de l’Office fédéral de la protection de la Constitution, l’Allemagne compterait plus de 24.000 militants d’extrême-droite, la moitié étant considérée comme violents.
Pour Axel Salheiser, de l’Institut pour la démocratie et la société civile (IDZ), la banalisation du discours raciste et islamophobe explique la résurgence d’une violence d’extrême-droite en Allemagne. "On le voit à travers cette propagation effrayante de ressentiments antisémites, racistes, antimusulmans au sein de la population", explique-t-il. "Il y a aussi les idéologies du complot et cette idée que la migration est nuisible. On comprend dans ce climat que des personnes d’extrême-droite se radicalisent."
Plus de sécurité de lieux sensibles
Ce vendredi 21 février, en réaction à l'attentat de mercredi soir, le gouvernement allemand a annoncé des mesures d'urgence. Le gouvernement fédéral veut accroitre la présence policière dans toute l’Allemagne. Les sites sensibles vont être surveillés, a annoncé vendredi (21.02.20) le ministre fédéral de l’Intérieur, Horst Seehofer. Il a notamment évoqué le cas des mosquées. "C'est le troisième attentat terroriste d'extrême-droite en Allemagne en quelques mois", a déploré Horst Seehofer.
Surveillance en ligne renforcée
Mercredi (19.02.20), le conseil des ministres a aussi pris une série de mesures contre les contenus haineux sur les réseaux sociaux. Des mesures visant à renforcer l'obligation des plateformes comme Facebook, Twitter et You Tube de supprimer les publications de propagande néonazie, visant à la préparation d’un acte terroriste ou encore les menaces de meurtre et de viol. Ces contenus devront aussi être signalés à l'Office fédéral de police criminelle.
Après les attaques de Hanau, les représentants des principaux partis politiques ont accusé le parti d’extrême-droite AFD d’attiser ce discours de haine. Son président, Jörg Meuthen, a rétorqué en minimisant la dimension idéologique de cet acte et en affirmant qu’il s’agissait de l’"œuvre délirante d’un fou".