Le Burkina à l'abri de nouvelles sanctions
3 février 2022La décision a été prise à huis-clos par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, après avoir écouté le rapport des émissaires africains et internationaux dépêchés en fin de semaine à Ouagadougou. Abdoulaye Barry qui est doctorant à l'Université pour la paix, UPEACE, une institution académique de l'Onu, dit ne pas être surpris.
"Les sanctions de la Cédéao sont censées être des sanctions qui vont de façon progressive. Le deuxième élément se trouve être des éléments de gages donnés par les nouvelles autorités de Ouagadougou. Dans son discours, le colonel Damiba a été clair : les militaires sont là pour travailler à rétablir la sécurité et organiser des élections dans un délai raisonnable et puis partir. Un autre élément, c'est le fait qu’on n’a pas une autorité politique qui est en prison ou arrêté. Il y a juste l'ancien président (Roch Marc Christian Kaboré) qui est arrêté, mais dans des conditions qui respectent sa dignité."
Satisfecit et prudence
La délégation mandatée par la Cédéao et dirigée par la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey, s’était déclarée satisfaite par les échanges qu’elle avait eu à Ouagadougou avec le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Pour autant, il faut demeurer prudent, conseille maître Guy Hervé Kam, le coordonnateur du mouvement Servir et non se servir. Le célèbre avocat était le porte-parole du Balai citoyen, à l’origine de la chute en octobre 2014 de l’ancien président Blaise Compaoré.
"C'est au pied du mur qu'on reconnait le maçon. Mais notre pays a une histoire, une trajectoire. Même si les autorités de la transition avaient des mauvaises intentions, il leur sera difficile, pour ne pas dire impossible, d'aller sur ce chemin-là" prévient Guy Hervé Kam.
Après le putsch qui a renversé le 24 janvier dernier le président Roch Marc Christian Kaboré, le Burkina Faso a été suspendu de la Cédéao et de l’Union africaine.
Le chef des putschistes, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a rétabli la Constitution qu’il avait suspendue et rencontré les acteurs de la vie politique nationale pour leur expliquer le bien-fondé de sa prise de pouvoir.
Présent au sommet d'Accra, le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest et au Sahel (Unowas), Mahamat Saleh Annadif, "a souligné l'importance de coordonner davantage les efforts de la Cédéao, l'Union Africaine, et les Nations unies pour assurer une transition rapide" au Burkina.