Le patrimoine de Tombouctou menacé
6 mai 2012Surnommée la « cité des 333 saints » ou encore « la perle du désert », la ville de Tombouctou, dans le nord du Mali, a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1988. Jadis grand centre intellectuel de l'islam, la ville est célèbre pour son architecture de style soudanais et pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains datent du XIIème siècle.
Depuis la fin mars, des groupes armés, touaregs et islamistes, contrôlent tout le nord du Mali et l'inquiétude grandissait quant au patrimoine historique, culturel et religieux de Tombouctou. Et c'est avec indignation qu'ont réagi la population de la ville et du reste du pays ainsi que la classe politique malienne après l'incident de vendredi à Tombouctou.
Profanation d'un symbole religieux
Selon les témoins, dont les propos ont été rapportés par la presse malienne, des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et du groupe islamiste Ansar Dine ont d'abord empêché un habitant de se rendre au mausolée de l'érudit Cheikh Sid Mahmoud Ben Amar pour prier. Ils ont ensuite incendié le bâtiment et promis de détruire d'autres mausolées.
Pour le gouvernement de transition malien, il s'agit-là d'un « acte inqualifiable qui foule au pied les préceptes de l'islam, religion de tolérance, et le respect de la dignité humaine », selon un communiqué lu à la télévision nationale.
Indignation et appels à l‘action
Le parti Convention nationale pour une Afrique Solidaire de l'ancien Premier ministre Soumana Sako a de son côté parlé « d'actes barbares de profanation » et a fermement condamné des « agissements irresponsables contraires à nos valeurs et donnant de l'islam une image déformée ». La formation politique a aussi a appelé à des mesures urgentes pour libérer les territoires occupés dans le nord du Mali.
Plusieurs intellectuels et artistes maliens ont eux aussi fait part de leur consternation. Ils ont décidé de lancer un manifeste pour la défense des patrimoines des zones sous occupation.
Auteur : Aude Gensbittel, avec AFP, APA, PressAfrik
Edition : Mulay Abdel Aziz