Le prix Sakharov récompense le Printemps arabe
27 octobre 2011Que ce soit Mohamed Bouazizi ou l'Egyptienne Asmaa Mahfouz, l'une des fondatrices du « Mouvement des jeunes du 6 avril », le rôle des cinq activistes récompensés ce matin par le Parlement européen a été déterminant dans les changements en cours dans le monde arabe.
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant, s'immolait par le feu à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie. Ce geste désespéré qui s'est conclu par sa mort deux semaines plus tard a permis aux Tunisiens de briser les chaînes de la peur pour contraindre le président Ben Ali à la démission.
En Egypte, la blogueuse Asmaa Mahfouz (26 ans) a pu convaincre ses compatriotes, par les vidéos publiées sur sa page Facebook, de se soulever contre le régime de Hosni Moubarak et provoquer le départ du Raïs.
Outre ces deux activistes, les trois autres lauréats de ce prix Sakharov sont le dissident libyen Ahmed al-Zubair Ahmed al-Sanusi, 77 ans, et qui a passé 31 ans dans les geôles de Mouammar Kadhafi, l'avocate syrienne Razan Zeitouneh, 34 ans, qui dirige des comités révolutionnaires dans son pays et enfin Ali Farzat, un caricaturiste de presse, malmené en août dernier par les forces de sécurité syriennes. Celles-ci lui auraient même cassé les mains.
Le Parlement européen a donc finalement préféré ces activistes arabes à un défenseur bélarusse des droits de l'Homme et à une communauté de fermiers colombiens également en lice pour ce prix.
Le prix Sakharov, un hommage à la liberté
Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit a été crée en 1988 en hommage au dissident soviétique Andreï Sakharov, en vue d'honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés. C'est en quelque sorte un autre prix Nobel de la paix. Il est doté de 50.000 euros et est remis chaque année au mois de décembre à Strasbourg par le président du Parlement européen.
L'an dernier, ce prix avait été décerné au dissident cubain Guillermo Fariñas, qui a mené de nombreuses grèves de la faim contre le régime communiste de La Havane.
Des personnalités comme l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, la militante birmane Aung San Suu Kyi ou encore l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan ont eux aussi reçu cette distinction.
Salem Bouazizi, le frère de Mohamed Bouazizi, a dédié cette récompense « au peuple tunisien qui a réussi sa révolution et qui a continué à s'exprimer lors des élections » du 23 octobre.
Auteur : Georges Ibrahim Tounkara ( avec AFP et dpa)
Edition : Marie-Ange Pioerron, Anne Le Touzé