Liberté de la presse, RSF tire la sonnette d’alarme
20 avril 2021130 : c’est le nombre de pays ou l'exercice du journalisme est "totalement ou partiellement bloqué" selon Reporters sans frontières (RSF). D'après le classement annuel mondial de la liberté de la presse de l’organisation, 73% des 180 pays évalués se caractérisent par des situations jugées "très graves", "difficiles", ou "problématiques" pour la profession.
Selon le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, la pandémie de Covid-19 a représenté "une forme d'opportunité pour des Etats qui ont pu restreindre la liberté de la presse."
Dans des pays comme l'Arabie Saoudite (170e) ou encore la Syrie (173e), la répression contre les journalistes s’est accentuée à en croire RSF qui signale que la pandémie a également "provoqué une énorme fermeture des accès" au terrain et aux sources pour les journalistes.
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De bons élèves en Afrique
Mais le tableau n’est pas totalement sombre. On note en effet des progressions sur le continent africain. Le Burundi (147e) gagne ainsi 13 places dues notamment à la libération de quatre journalistes du média indépendant Iwacu.
Antoine Kaburahe, le fondateur du groupe de presse Iwacu, reconnait que depuis l’arrivée au pouvoir du président burundais Evariste Ndayishimiye il y a une amélioration en ce qui concerne la liberté de la presse mais il estime qu'il ne faut pas pour autant baisser la garde.
"Il faut reconnaitre et saluer les avancées mais tout en restant vigilant, critique et aussi en exigeant que les journalistes puissent travailler sans devoir quémander le droit d’exercer leur métier", explique-t-il.
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Autres pays sur la bonne voie : la Sierra Leone (75e, + 10), en raison notamment de l’abrogation de la loi criminalisant les délits de presse, et le Mali (99e, + 9) où RSF note une baisse du nombre d’exactions envers les journalistes.
Des progrès à faire
L'Europe et l’Amérique (Nord et Sud) restent toutefois les continents les plus favorables à la liberté de la presse. Ceci même si la zone des Amériques enregistre cette année la plus grande dégradation des scores régionaux (+2,5 %).
La dernière année du mandat de Donald Trump s'est en effet caractérisée par un nombre record d'agressions (près de 400) et d'arrestations de journalistes (130).
Au Brésil, selon RSF, les "insultes, stigmatisations et orchestration d'humiliations publiques de journalistes" sont "devenues la marque de fabrique du président Jair Bolsonaro.
De son côté, le continent européen enregistre des actes de violence qui ont plus que doublé au sein de la zone Union européenne-Balkans. Les agressions contre les journalistes et les interpellations abusives se sont notamment multipliées en Allemagne (13e, -2), en France (34e), en Italie (41e), en Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5) , en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1).
En ce qui concerne l'Allemagne, sa régression s’explique par le fait que des dizaines de journalistes ont été agressés "par des manifestants proches des mouvances extrémistes et complotistes lors de rassemblements anti-restrictions sanitaires."
La Chine (177e), devant le Turkménistan (178e, +1), la Corée du Nord (179, +1) et l'Erythrée (180e, -2) figurent toujours au bas du classement.
En haut du tableau, la Norvège conserve la première place pour la cinquième année consécutive, devant la Finlande et la Suède, redevenue troisième au détriment du Danemark (4e, -1).