Pegasus : des opposants africains mis sous surveillance
23 juillet 2021Le logiciel aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprises de différents pays.
Parmi les personnes citées, Carine Kanimba, la fille de Paul Rusesabagina (le héros du film Hotel Rwanda), actuellement devant la justice. La jeune femme pointe du doigt les autorités rwandaises.
"Je suis choquée, effrayée un peu quand même parce que ça veut dire qu’ils ont accès à toutes mes informations, mais je ne suis pas découragée parce qu’on a réussi à exposer les tactiques de la dictature rwandaise", confie la jeune femme.
"Le logiciel Pegasus coûte des millions au gouvernement rwandais et la décision de me mettre sur écoute, de me surveiller, alors qu’on sait qu’il y a beaucoup de gens au Rwanda qui meurent de faim, qui ont besoin de médicaments, qui ont besoin d’attention, qui ont besoin de cet argent pour survivre, le gouvernement rwandais lui, préfère me mettre sur écoute", poursuit Carine Kanimba.
De leur côté, les autorités rwandaises ont fait savoir que « ces fausses accusations font partie d'une campagne en cours visant à provoquer des tensions entre le Rwanda et d'autres pays, et à semer la désinformation sur le Rwanda aux niveaux national et international.»
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Au Togo, le père Pierre Marie Chanel Affognon, très actif au sein de la société civile, aurait lui aussi été placé sur écoute.
Comme Carine Kanimba, il déplore les sommes faramineuses utilisées à des fins d’espionnage par son pays. "Si des citoyens et des hommes religieux sont considérés comme un danger potentiel pour la nation, je crois quand même qu’il y a là quelque chose à corriger. Et puis, on ne peut pas minimiser le coût de ce logiciel ! Qu’est-ce que cela a coûté au contribuable togolais ? Une mesure de justice serait que ceux qui ont acheté ce logiciel puissent rembourser à l'État togolais la somme et que ce fonds soit investi dans le social”, souhaite l’homme d’Eglise.
Le groupe NSO qui a élaboré le logiciel assure que son programme sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.
Pour sa part, la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'Onu a réclamé une meilleure "réglementation" du transfert des technologies de surveillance.