Podcast sur l'affaire Zogo : jusqu'au sommet de l'Etat (3/3)
22 janvier 2024Le 17 janvier 2023, le journaliste camerounais Martinez Zogo est enlevé en rentrant chez lui, en banlieue de Yaoundé. Aux alentours de 21h, il est kidnappé par des individus masqués devant le poste de gendarmerie de Nkol-Nkondi.
Il vient alors d'achever une réunion nocturne avec certains membres de sa famille. Plus tôt dans la soirée, il s'est entretenu avec au moins deux autres personnes. Le même jour, lors de sa dernière émission radio sur Amplitude FM, Martinez Zogo avait annoncé de prochaines révélations dans un grand scandale de corruption. Le journaliste affirmait avoir réuni des preuves contre des personnalités influentes de la vie politique et économique du pays, notamment l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga.
Martinez Zogo, ancien proche de ce businessman, enquêtait au moment de sa disparition, sur des détournements de fonds publics et affirmait que Jean-Pierre Amougou Belinga était impliqué. Par ailleurs, il accusait l'homme d'affaires d'avoir fait jouer ses relations pour le faire emprisonner, en 2020.
Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo est donc enlevé en pleine rue par un commando.
Cinq jours plus tard, le 22 janvier 2023, le corps sans vie de Martinez Zogo est découvert à Ebogo 3, en périphérie de Yaoundé. Il a été torturé, mutilé.
Ramifications au sein de l'appareil étatique
L'enquête complexe, toujours en cours, a des ramifications au sein de l'appareil étatique camerounais.
"Vous imaginez, en France ou en Allemagne, arrêter l'homme le plus riche du pays et le patron des services de renseignement, ce que ça a comme type d'implications ?", demande Arnaud Froger, responsable du desk investigation chez Reporters sans frontières.
Aristide Mono, politiste, proche de Martinez Zogo, estime ainsi que :
"L'assassinat de Martinez Zogo s'inscrit dans le continuum de la lutte pour le Grand soir, la lutte entre les différents clans prétendant à l'héritage présidentiel."
Ce que l'affaire dévoile
Philippe Nanga, de l'ONG Un monde Avenir, estime que "l'affaire Martinez Zogo a le mérite d'avoir d'avoir révélé aux opinions nationale et internationale qu'il existe de l'argent dans notre pays, liquide, géré de manière privée par des gens au sein du gouvernement. De l'argent qui se partage entre petits copains et petites copines, non connu par les Camerounais, y compris le Parlement."
Dans ce 3è et dernier épisode de ce podcast QuiQuoiComment dédié à l'affaire Martinez Zogo, nous revenons donc sur la lutte des clans qui préparent déjà la succession du président Paul Biya.