1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Paul Kagame a-t-il dit la vérité sur l'est de la RDC ?

10 janvier 2025

Paul Kagame a tenu un point de presse à Kigali durant lequel il a évoqué la situation sécuritaire qui prévaut dans l’est de la RDC. Tout était-il vrai ?

https://p.dw.com/p/4p2Po
Rwanda Investiture du Président Paul Kagame (photo d'illustration)
Le M23, groupe armé soutenu par Kigali, ne cesse de gagner du terrain malgré un cessez-le-feu conclu l'année dernière (photo d'illustration)Image : Presidency Of Rwanda/Anadolu/picture alliance

Lors de ce point de presse de plus de deux heures retransmis en direct sur internet, Paul Kagamé n’y est pas allé de mains mortes en parlant de la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo.  

S’agissant du M23 que l'armée congolaise affronte actuellement, le président rwandais estime que, "ces leaders du M23 et la majorité de leurs combattants viennent de l'Ouganda, où ils étaient réfugiés" tout en ajoutant que les rebelles du M23 ne sont pas rwandais, bien qu'ils parlent le kinyarwanda.  

"On peut demander que le Rwanda et la RDC nous dise quels ont été les résultats des opérations de la traque conjointe des FDLR " (Augustin Muhesi)

Pour Onesphore Sematumba, spécialiste des Grands lacs à International Crisis Group, oui ils viennent de l’Ouganda mais il y a des nuances à apporter.  

En effet,  il y a lieu de rappeler qu’en 2013 lorsqu’il est vaincu en RDC, le M23 se scinde en deux : la branche dirigée par sultani Makenga se réfugie en Ouganda et celle dirigée par  le révérend Runiga se réfugie au Rwanda.

Mais aujourd’hui, l’ensemble du M23 tel qu’il existait avant la défaite de 2012 est  de nouveau actif précise Onesphore sematumba.  

"Lorsque le M23 est vaincu en 2013, ces éléments se scindent en deux groupes dont l’un s’exile en Ouganda et l’autre au Rwanda. Et c'est le groupe de l’Ouganda avec à sa tête le général Makenga Sultani comme chef militaire qui est revenu en novembre 2021 mais cela n’exclut pas que les autres membres les aient rejoints."

Quid des FDLR ?  

En parlant des groupes armés actifs dans cette partie de la RDC, Paul Kagame a également évoqué la présence des FDLR, le Front de libération du Rwanda qui s’était replié en 1994 au moment du génocide au Rwanda en RDC appelée à l’époque le Zaïre.

Paul Kagame est revenu sur le fait que les combats ne pourront cesser tant que les FDLR ne seront pas éliminés.  

Pour lui, "la question des FDLR doit trouver une réponse. Il n'y a pas moyen de l'esquiver ou de tourner sans fin autour du problème."  

Cependant, Augustin Muhesi qui enseigne les sciences politiques dans l’est de la RDC estime qu’évoquer la présence des FDLR en RDC comme étant la raison de l’engagement du Rwanda dans le conflit dans l’est ne constitue ni une recette, ni une argumentation nouvelle de la part de Kigali.  

"S’il est vrai que les FDLR pourraient constituer un danger ou une menace pour la sécurité du Rwanda, on peut alors demander que le Rwanda et la RDC nous dise quels ont été les résultats des opérations de la traque conjointe des FDLR, " soutient l’enseignant.

Augustin Muhesi estime qu,"on peut se poser la question également de savoir, pourquoi le Rwanda n’accepterait pas une solution politique pour résorber cette question des FDLR. On peut également se poser la question de savoir comment sont gérés les FDLR qui ont accepté d’être démobilisés et de rentrer au Rwanda."

Pour rappel, des opérations conjointes menées par des troupes rwandaises et des FARDC, baptisées “Umoja wetu” ont pris fin officiellement en 2009.

En 2019, l’armée congolaise a annoncé avoir abattu Sylvestre Mudacumura qui était présenté comme le commandant suprême des FDLR et visé par un mandat de la Cour pénale internationale.

Les processus de Luanda et Nairobi 

Autre point abordé par Paul Kagamé, le processus de médiation de Luanda. Pour le président rwandais, les racines profondes de la crise dans l’est de la RDC ne sont pas traitées. Un point sur lequel revient Onesphore sematumba avec en toile de fond la réunion avortée du 15 décembre à Luanda entre Kigali et Kinshasa.  

"J’ai comme l’impression que l’objectif diplomatique ultime du président Lourenço comme médiateur était d’avoir ce sommet qui a avorté le 15 décembre et où on aurait eu cette poignée de mains entre Tshisekedi et Kagamé comme symbole fort de la fin de la guerre, mais qu’est ce que cela aurait signifié si les causes profondes n’avaient pas été abordées et que le lendemain de la poignée de main était égale à la veille de cette poignée de mains," confie le chercheur à la DW.  

Ce juedi 09 janvier, lors d’un point de presse à Kinshasa, la ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayi Kwamba Wagner, a assuré que la RDC reprendrait les pourparlers de paixsi l'occasion se présentait.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash