Qui pour financer la reconstruction de Gaza ?
14 décembre 2023Depuis le début de l'offensive aérienne et terrestre lancée par Israël sur la bande de Gaza après l'attaque terroriste du 7 octobre,plus de la moitié des habitations de l'enclave palestinienne ont été détruites. Des dizaines d'hôpitaux, des centaines d'écoles et des bâtiments gouvernementaux ont été pulvérisés. De même que des installations agricoles.
Une aide financière qui est politique
Déterminer quel pays est le plus à même de payer l'énorme facture de cette guerre encore en cours est difficile car depuis des décennies, le financement de l'aide à la bande de Gaza est politiquement délicat.
"Le financement ne sera pas le problème, c'est la politique qui le sera", affirme Nathan Brown, chercheur principal du programme Moyen-Orient de la Fondation Carnegie. "Si demain, tous les acteurs - Israël, les Palestiniens, les acteurs régionaux, les acteurs occidentaux - disaient : 'voici l'avenir, il ressemblera à ceci', qu'il s'agisse d'une solution à deux Etats ou d'une solution à un Etat ou autre, alors l'argent ne serait pas un problème."
Le fait que le Hamas dirige l'enclave depuis 2007 pose en effet un problème majeur aux donateurs, qui se demandent comment acheminer l'argent à ceux qui en ont besoin sans pour autant financer les activités militaires du Hamas, un mouvement considéré notamment par l'Union européenne et les Etats-Unis comme terroriste.
Si, jusqu'à présent, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens fournissait une grande partie de l'aide sous forme de services sociaux, d'écoles, de dispensaires et d'emplois, l'agence est régulièrement accusée de partialité.
Des controverses planent également autour du GRM, le mécanisme de reconstruction de Gaza, accusé d'être trop bureaucratique et d'avoir fait exploser les coûts de construction.
L'avenir politique de Gaza est déterminant
Yara Asi, chercheuse non résidente au Centre arabe de Washington, se demande pour sa part ce qui pourrait motiver les donateurs à mettre la main à la poche tant que l'avenir de Gaza n'est pas planifié et que les nouvelles infrastructures courent le risque d'être à court ou moyen terme de nouveau bombardées par Israël.
"Si les donateurs en ont assez de voir ce niveau de destruction, ils ne peuvent pas se contenter de se plaindre du coût du nettoyage, ils devraient aussi prendre des mesures actives pour empêcher qu'on en arrive là. C'est étonnant qu'ils ne s'investissent pas davantage là-dessus."
Cette semaine, les médias israéliens ont rapporté des propos du Premier ministre Benjamin Netanyahu selon lesquels l'Arabie saoudite et les Emirats arabes seraient prêts à financer la reconstruction de la bande de Gaza.
L'Allemagne et les Etats-Unis ont également été évoqués. Tandis que des voix s'élèvent aussi pour dire que c'est à Israël de payer les dégâts causés par son armée. Bref, pour le moment et alors que personne ne sait à quoi ressemblera l'avenir politique de Gaza si Israël éliminait effectivement le Hamas, la question de la reconstruction est loin d'être élucidée.