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Le vote incertain au Nord-Kivu en raison de l'instabilité

Paul Lorgerie
23 octobre 2023

Dans le Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, la situation reste volatile à quelques semaines des élections du 20 décembre.

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Une femme dans la pénombre avec un enfant, appuyée contre un mur dans le camp de réfugiés de Kanyaruchinya, près de Goma. Au-degohrs, on aperçoit au loin des tentes et des femmes. (archive d'avril 2023)
Les violences qui sévissent toujours dans le Nord-Kivu risquent de compromettre la tenue des élections du 20 décembre dans certaines zones de la provinceImage : Cunningham/Getty Images

En République démocratique du Congo, alors que la date des élections approche, le président de la République, Félix Tshisekedi, a demandé, vendredi dernier, à ce qu'une évaluation de la situation militaire soit réalisée dans deux zones du Nord-Kivu, dans l'est du pays, en proie aux attaques du M23, afin de sécuriserle vote des électeurs le 20 décembre prochain.  

Cette demande est survenue au lendemain de la reprise quasi-complète par l'armée congolaise du territoire de Masisi. Mais entretemps, les rebelles du M23 ont repris une partie du terrain perdu.

Nouvelle percée du M23

Ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Alors que le président Félix Tshisekedi observait une "libération progressive des territoires de Masisi et de Rutshuru" lors du Conseil des ministres de vendredi dernier, les éléments du M23 ont depuis repris du terrain sur l'armée congolaise.  

Depuis samedi matin, la ville de Kitchanga, dans le Masisi, regagnée par les groupes armés loyalistes à la mi-octobre, est de nouveau occupée par les rebelles.

Des soldats des FARDC positionnés à Kilimanyoka, près de Goma, dans le Nord-Kivu (archive de juin 2022)
Les affrontements entre l'armée des FARDC et le M23 ne sont pas terminés dans le Nord-KivuImage : Djaffar Sabiti/REUTERS

Une participation encore possible aux élections

La situation reste volatile, donc, et pourrait également jouer à tout moment en faveur de l'armée congolaise, selon Juvénal Munubo, député de la majorité présidentielle, originaire du Nord-Kivu.  

"Il y a une forte probabilité que cette situation ne reste pas statique, analyse Juvénal Munubo. Donc il est encore possible que les populations congolaises de Masisi et de Rutshuru participent au vote. D'où la nécessité d'évaluer la situation sur le terrain et de voir quelles recommandations prendre pour que les populations participent valablement au scrutin."

Mais les jours sont désormais comptés. En septembre, la Commission électorale nationale indépendante, la Céni, avait laissé entendre que, passé octobre, l'enrôlement des Congolais en zone occupée serait compliqué.  

La place de la jeunesse congolaise dans le processus électoral

Des difficultés dans les zones occupées

Josaphat Musamba, chercheur spécialiste des mouvements armés, rappelle par ailleurs que des électeurs ont également été enrôlés dans des zones aujourd'hui sous occupation, où il pourrait donc êtredifficile d'organiser des élections sécurisées.  

"Si on peut encore repêcher ces zones, se demande-t-il, est-ce qu'on gère les possibles combats autour des zones et sites stratégiques ? Comme c'est le cas depuis deux semaines à Kitchanga, qui tombe entre les mains des FARDC, puis le M23, puis les Wazalendo, puis le M23."

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, l'Ocha, près de 200.000 personnes ont été jetées sur les routes entre le 1er octobre 2023, date de la reprise des combats, et le 19 octobre.