Un nouvel espoir de paix pour la Libye
10 novembre 2020C'est une réunion de plus sur la Libye depuis le début du conflit en 2011. Mais celle qui débute ce lundi en Tunisie est singulière. D'abord parce qu'elle se deux semaines après la signature d'un cessez-le-feu permanent sous l'égide des Nations unies. Les deux principaux camps qui s'affrontent en Libye seront aussi à la même table : le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'Onu, et le camp de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays. Deux camps qui avaient repris leurs négociations en septembre. La semaine dernière, ils se sont même entendus sur la mise en place d'une feuille de route pour le cessez-le-feu.
Mais la réunion d'aujourd'hui se veut plus large encore : un grand forum pour tenter un règlement complet de la crise libyenne. Des femmes, des représentants régionaux ou même ethniques seront présents ce lundi. Un plus indéniable. L'ONU veut ainsi former un gouvernement d'union nationale.
"Mais le paysage politique de la Libye est extrêmement fragmenté", avertit Thomas Volk, responsable du programme dialogue sud-méditerranée pour la fondation allemande Konrad-Adenauer. "Certains critiquent le fait que les représentants de l'Ouest et de l'Est de la Libye ne sont pas suffisamment intégrés au processus de dialogue. Ça remet donc en question la légitimité du processus de sélection des participants avant même le début des consultations ce 9 novembre à Tunis."
Cessez-le-feu fragile
Prudents aussi, certains mettent en avant un cessez-le-feu encore fragile. Difficile par exemple de savoir si les groupes étrangers qui soutiennent les deux camps sur le terrain quitteront bien le pays comme prévu. Ce cessez-le-feu ne s'applique par ailleurs pas au combat contre les groupes terroristes dans le pays. De quoi donner à chaque camp des arguments pour reprendre le combat, ou lancer une guerre par procuration...
Autre point compliqué, qu'il faudra négocier encore : le plan pour la Libye de l'Onu prévoit que les acteurs étrangers arrêtent tous les programmes de formation sur place. Cela concerne les programmes militaires turques, russes ou égyptiens par exemple. Mais qu'en sera-t-il, par exemple, programme de formation européen des garde-côtes libyens ? Cela reste à trancher. Et puis il faudra définir aussi où se retireront les combattants des deux camps sur la durée.
Egypte, la Russie ou Turquie : un rôle crucial
La réunion de ce lundi suscite donc espoir donc mais beaucoup de questions restent ouvertes. Ce qui fait tenir un discours très prudent sur l'issue positive ou non de ce dialogue politique inter-libyen à Thomas Volk. "Cela va dépendre beaucoup de la façon dont le processus de dialogue va prendre forme dans les semaines à venir. La population libyenne devra être suffisamment informée du processus et des résultats", estime-t-il.
Thomas Volk met aussi exergue le rôle "crucial" que les acteurs internationaux, et en particulier l'Egypte, la Russie et la Turquie auront à jouer. "Il faut qu'ils acceptent les résultats de ce processus et respectent les décisions de la Commission militaire adoptées à Genève", insiste-t-il. À savoir, que tous les acteurs militaires extérieurs et surtout tous les mercenaires quittent la Libye dans les trois mois, afin que le processus de dialogue politique conduise ensuite à de nouvelles élections présidentielles et parlementaires l'année prochaine.
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En attendant, pandémie de coronavirus oblige, même quand il est question de guerre, le dialogue qui débute aujourd'hui se fera en partie sur place en Tunisie, mais aussi en alternance par vidéoconférence.