A la frontière de l'UE, le drame continue
2 novembre 2021Depuis cet été, l'Union européenne soupçonne le président bélarusse Alexandre Loukachenko d'envoyer délibérément des migrants à la frontière européenne. L'idée : se débarrasser des sanctions économiques que les Européens ont imposé à son régime pour protester contre la répression de l'opposition. Sauf que pour le moment, l'UE ne semble pas vouloir céder à la pression tandis que la Pologne, l'un des pays concernés par l'arrivée des migrants, planifie désormais la construction d'un mur pour protéger sa frontière.
Vendredi 29 octobre, le Parlement polonais a ainsi définitivement validé le projet gouvernemental : l'édifice doit s'étendre sur plus de 100 kilomètres et son coût est évalué à 353 millions d'euros.
Etat d'urgence imposé par les autorités polonaises
En attendant que ce mur soit érigé, la zone frontalière a été soumise à l'état d'urgence par les autorités polonaises. Autrement dit, les droits civiques ont été restreints et les journalistes ainsi que les organisations non gouvernementales n'ont pas le droit de se rendre sur place.
Médecins sans frontière par exemple essaye depuis plusieurs semaines de venir en aide légalement aux migrants et aux réfugiés. Sans succès pour le moment.
6.000 soldats ont par ailleurs été dépêchés par Varsovie pour surveiller la frontière - depuis la mi-octobre, ils sont autorisés à recourir à la pratique controversée du refoulement direct - "push-back" en anglais.
En principe, un migrant, à partir du moment où il pose un pied sur le territoire européen, est en droit de déposer une demande d'asile. Le refoulement direct permet à un garde-frontière polonais de décider, seul, d'outrepasser ce droit et de reconduire le migrant en question à la frontière - une violation directe de la Convention de Genève, relative au statut des réfugiés. Un texte pourtant signé par le Belarus et la Pologne.
Durcissement des sanctions contre Minsk
Difficile de savoir combien de migrants sont actuellement au Belarus. Plusieurs milliers peut-être disent les experts sans pouvoir être plus précis. Environ 20.000 personnes seraient entrées entre août et mi-octobre sur le territoire européen - en Pologne, en Lituanie et en Lettonie.
Mais pour le moment, l'Union européenne ne semble pas vouloir céder au chantage. Mi-octobre, les ministres des Affaires étrangères se sont même accordés pour durcir les sanctions contre le Belarus.
Parallèlement, la Commission européenne plaide pour que l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex soit présente à la frontière externe de l'UE sauf que la protection des frontières relève de l'autorité de chaque Etat membre. Il faudrait donc que la Pologne elle-même fasse la demande pour que Frontex puisse dépêcher une mission.
En attendant, un Irakien a été découvert mort le 1er novembre à la frontière entre le Belarus et la Pologne. Selon les médias polonais, c'est le dixième migrant décédé au passage de cette frontière depuis l'été.