Vers de nouvelles sanctions européennes contre Minsk
14 août 2020Selon le décompte officiel des autorités biélorusses, deux personnes sont mortes et près de 7.000 ont été arrêtées depuis la réélection dimanche (09.08.20) d'Alexandre Loukachenko, qualifiée de frauduleuse par l'opposition et par de nombreux pays étrangers.
Berlin a notamment exprimé de "sérieux doutes" sur le déroulement du scrutin, estimant que "les critères démocratiques minimum pour une élection n'ont pas été remplis".
L'annonce des résultats a déclenché une vague de contestation et de grèves dans le pays et celles-ci se poursuivaient ce vendredi (14.08.20), malgré un premier signe de recul des autorités qui ont annoncé la libération de 2.000 personnes.
Les débrayages dans les usines et des chaînes humaines pacifiques de personnes vêtues en blanc, des fleurs à la main, ont en effet rythmé la journée.
A Minsk, des centaines d'ouvriers sont sortis de certaines grandes usines d'Etat pour dénoncer les fraudes électorales mais aussi la répression de la police.
Intimidation
Pour intimider les manifestants, le pouvoir avait diffusé cette semaine des vidéos de jeunes menottés, certains se présentant avec le visage tuméfié. De nombreux témoignages décrivent la brutalité des forces de l'ordre.
Pour Alexandre Loukachenko, "le noyau de ces prétendus manifestants est composé de personnes ayant un passé criminel ou qui sont au chômage. J'avertis poliment ces personnes qu'il est temps qu'elles trouvent un travail".
Ce vendredi, les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis, par visioconférence, pour tenter de trouver une réponse commune à cette situation, d'autant que la Biélorussie est un pays frontalier de l'UE.
Les pays baltes et la Pologne redoutent ainsi qu'une rupture ou une détérioration des relations entre Bruxelles et Minsk profite à l'influence de la Russie.
Sanctions
La Lituanie, qui a accueilli l'opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, contrainte à l'exil depuis qu'elle a contesté le résultat du scrutin, voudrait imposer des sanctions individuelles contre "les fonctionnaires et hommes politiques directement responsables de l'usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques et aussi de la falsification des élections".
Et c'est vers ce genre de sanctions que l'on semble se diriger. Aucune décision n'a été prise ce vendredi, mais les ministres ont donné leur feu vert pour que dans un premier temps une liste de noms de personnes et d'entités à sanctionner soit établie.
D'éventuelles sanctions, si elles étaient adoptées lors du prochain Conseil européen fin septembre, viendraient alors s'ajouter à l'embargo sur les ventes d'armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression qui pèse déjà sur la Biélorussie.