Vaccins anti-Covid, vers une levée des brevets?
6 mai 2021"C'est une discussion à laquelle nous sommes ouverts, nous sommes actuellement dans une situation exceptionnelle dans laquelle nous devons avoir suffisamment de vaccins pour le monde entier."
C’est ainsi qu’a réagi lors d'une conférence de presse le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, à l’annonce de Washington de soutenir la levée des brevets sur les vaccins anti- Covid. Mais plus tard dans la journée, le gouvernement d'Angela Merkel a exprimé de fortes réserves à l'égard de la proposition soutenue par les Etats-Unis, estimant que les brevets devaient continuer à être "protégés" au nom du soutien à l'innovation.
Pour les autorités américaines, les circonstances extraordinaires de la pandémie appellent à des mesures extraordinaires. Même si l’administration Biden croit fermement en la protection de la propriété intellectuelle, elle entend œuvrer pour mettre fin à la pandémie.
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L'engagement de Washington
Accusé de blocages dans la fourniture de matières premières, alors qu'une pénurie menace, le gouvernement américain s’engage désormais à "œuvrer à ce qu'il y ait plus de matières premières nécessaires à la production des vaccins", comme l'assure par ailleurs Katherine Tai la représentante au Commerce au sein de l'équipe de Joe Biden.
De longs débats juridico-économiques s'annoncent en particulier à l'Organisation mondiale du commerce sur la levée des brevets sur les vaccins.
En attendant plusieurs pays, notamment africains, espèrent des livraisons du précieux sérum.
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Espoir et réserve
John Nkengasong, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), qui dépend de l'Union africaine, estime donc que la position américaine est "une expression remarquable de leadership et un développement très important ". Pour lui, il s’agit de la bonne décision "au bon moment".
Wolfgang Preiser, virologue à l'Université de Stellenbosch en Afrique du Sud est plus réservé. " J’espère vraiment que cela aura un impact mais pas à court terme. Mais je pense qu’à moyen terme son application fera une grande différence " explique t-il.
Selon le chercheur il faut la technologie mais aussi les matières premières pour pouvoir produire les vaccins. Or, même les grands laboratoires peinent pour le moment à se les procurer.
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Le docteur Jerome Kim, directeur général de l'Institut international des vaccins (IVI) à Séoul, en Corée du Sud, estime de son côté que la vraie question est de savoir si avec la levée des brevets on sera en mesure d'obtenir des vaccins de haute qualité.
Car il faut un certain savoir-faire pour produire les sérums en question. Il rappelle par ailleurs que les grands laboratoires ne travaillent pas dans un but non lucratif.