RCA : Dologuélé veut prendre sa revanche
17 décembre 2020L'ancien chef de l'Etat centrafricain François Bozizé, dont la candidature a été invalidée, a décidé de soutenir l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé lors de la présidentielle du 27 décembre. Les deux hommes ont signé une alliance électorale, le 16 décembre, à Bossangoa (Nord-est), fief de François Bozizé et du Kwa Na Kwa, le parti qu’il dirige.
"Dans les prochains jours, nous mettrons à disposition les cadres et infrastructures du parti pour soutenir Dologuélé", a indiqué Christian Guenebem, directeur de campagne du Kwa Na Kwa (en langue sango, Kwa Na Kwa signifie "le travail, rien que le travail").
Déjà, mardi (15.12), François Bozizé avait accepté l'invalidation de sa candidature et appelé l'opposition à s'unir derrière un candidat commun pour battre le président sortant, Faustin Archange Touadéra, élu en 2016, et qui brigue un second mandat.
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Un adversaire sérieux
Anicet-Georges Dologuélé, espère ainsi tirer profit du soutien que lui a apporté François Bozizé, issu de l'ethnie gbaya, l'une des plus nombreuses du pays. L’ancien président dispose d'une large base électorale dans le nord-ouest et le nord du pays.
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Économiste de formation et ancien ministre et Premier ministre de 1999 à 2001, Anicet-Georges Dologuélé apparaît, selon les analystes comme le candidat d'opposition le plus sérieux face au président sortant, Faustin Archange Touadera, le favori du scrutin du 27 décembre.
Au cours de l’interview qu’il accordée à la DW, Anicet-Georges Dologuélé estime que le bilan du président Faustin Archange Touadera est négatif.
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Extrait de l'interview avec Anicet-Georges Dologuélé
DW : En 2005, vous avez été battu au second tour par F-A. Touadéra. 2020 sera l’année de la revanche ?
Anicet-Georges Dologuélé : Oui ce sera la meilleure occasion parce que je suis bien préparé, mais surtout Touadéra a commis tellement d’erreurs qu’il aura du mal à se faire réélire. Je serai là pour réparer ses erreurs dans la gestion de l’Etat
DW : De quelles erreurs parlez-vous ?
Anicet-Georges Dologuélé : Comme il n’y a pas eu de réalisation, que tout se dégrade… tout est une erreur !
DW : Pourtant il y a beaucoup de gens à ses meetings.
Anicet-Georges Dologuélé : Je ne sais pas si les gens vont à ses meetings parce qu’ils l’aiment bien… Ils y vont parce qu’on leur donne de l’argent. Parmi les gens qui vont à ses meetings, il y a mes militants qui me racontent ensuite. Je leur dis moi-même : « s’il y a de l’argent à prendre là-bas, allez-y, prenez l’argent : c’est l’argent de vos impôts ! ». Mais le président Touadéra, sa popularité est largement écornée et il le sait. C’est pour ça que quand il organise des meetings, il envoie aussi des camions entiers de militants d’autres quartiers, d’autres villes, pour aller remplir les espaces et donner l’impression qu’il est populaire.
DW : L’accord de Khartoum n’est-il pas à mettre à l’actif du président Touadéra ?
Anicet-Georges Dologuélé : Si l’accord de Khartoum marchait, il y aurait déjà la paix. Mais si vous regardez bien : rien de ce qui était prévu dans l’accord de Khartoum n’a été réalisé ni en temps ni en heure. Et même au-delà… donc je crois que l’accord de Khartoum doit être complètement revu pour tenir ce qui était prévu.
DW : Votre parti a fait alliance avec François Bozizé, n’est-ce pas un allié encombrant ?
Anicet-Georges Dologuélé : Dans une élection, on voit le rapport entre le candidat et les populations. François Bozizé est vraiment populaire. Si sa candidature n’avait pas été invalidée, il aurait eu de très bons résultats. Nous percevons ce qu’il représente au niveau national en termes d’électorat. Il a de très bons résultats.
DW : Mais François Bozizé est sous sanctions de l’Onu. Il est même accusé d’avoir commandité de nombreux crimes.
Anicet-Georges Dologuélé : Cela ne l’empêche pas de faire de la politique. Il est toujours président de son parti. Il a fait son congrès, il avait été investi candidat, il préside la coalition de l’opposition, il a un parti, il a un électorat. En politique, ce qui compte, ce sont les rapports entre un individu et son électorat. Donc tout ce que vous évoquez, si un jour la justice prend une décision, on verra. Mais pour l’instant ce monsieur n’a pas été condamné, il jouit de tous ses droits civiques, cette alliance était une alliance politique, entre deux hommes politiques.