Les obstacles à la vaccination anti-Covid en Afrique
14 mai 2021Vacciner le plus de personnes pour arriver à freiner le coronavirus et revenir à la vie d'avant ou presque : c'est le défi des gouvernants de la planète depuis plusieurs mois, alors que la pandémie de Covid-19 perturbe la planète depuis plus d'un an. Si certains pays y sont parvenus rapidement, comme en Israël par exemple, de nombreux autres font face à des difficultés.
Difficultés d'approvisionnement
Sur le continent africain, la première difficulté est celle de l'approvisionnement en vaccins. De nombreux pays en Afrique doivent bénéficier de l'initiative Covax. Son principe est simple : coordonnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle devait permettre d'éviter que les pays les plus pauvres ne soient privés de vaccins. Ainsi, des doses doivent être livrés dans plusieurs dizaines de pays aux revenus les plus faibles.
Mais avec la reprise brutale de la pandémie de Covid-19 en Inde, l'accès aux vaccins est en effet de plus en plus difficileen Afrique. Or, de nombreux pays du continent dépendent des vaccins AstraZeneca produits en Inde. Ainsi, les livraisons se sont appauvries, voire interrompues complètement. Aujourd'hui une "ouverture" pour l'approvisionnement du continent en vaccins anti-Covid est prévue au début du troisième trimestre. C'est en tous cas ce qu'éspère John Nkengasong, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies en Afrique (Africa CDC), qui dépend de l'Union africaine.
Jusqu'à présent, 47 pays africains ont lancé des campagnes de vaccination et plus de 19 millions de doses ont été administrées. Le Ghana (600.000 doses) et la Côte d'Ivoire (504.000 doses) font partie des premiers pays à avoir bénéficié des vaccins via Covax sur le continent.
La RDC a pour sa part réceptionné un peu plus de 1,7 millions de doses, plus un don du gouvernement indien de 50.000 doses.
Des personnes réticentes face aux vaccins
Dans ce contexte de pénurie, il est donc conseillé aux pays africains de limiter les vaccinations aux personnels de santé et aux personnes vulnérables, et de continuer à sensibiliser les populations. Mais une partie des Africains sont réticents à l'idée de se faire vacciner et plusieurs pays ont dû renvoyer au système Covax des doses non utilisées.
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En RDC par exemple, à peine 7.000 personnes ont été vaccinées depuis le 19 avril, date du lancement de la campagne. Le pays a ainsi dû rendre au dispositif Covax 1,3 millions de doses de vaccins, soit 80% du total livré, qui ne trouvaient pas preneurs et risquaient d'être périmés. Une situation qui, selon les autorités, s'expliquerait par un retard pris par la campagne, un retard aggravé par les réticences suscitées par les risques potentiels de thrombose liés au vaccin Aztra-Zeneca.
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Les autorités congolaises l'assurent : quand elles en auront besoin, elles pourront, grâce à Covax, bénéficier des doses "prêtées aux pays voisins". Enfin, outre Covax, l'Afrique devrait pouvoir compter sur des livraisons de vaccins à travers l'initiative Avatt (African vaccine acquisition task team) lancée par l'Union africaine. C'est en tout cas ce qu'espère Africa CDC.
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